En 1930, toujours préoccupé par le problème de la justice et de la vérité, il fonde à la N.R.F. une collection au titre éloquent : « Ne jugez pas. » Il se propose d'exposer une documentation « autant que possible authentique » sur des affaires échappant aux règles de la psychologie traditionnelle et déconcertante pour la justice.
La Séquestrée de Poitiers : le 22 mai 1901, le procureur général de Poitiers apprenait par une lettre anonyme que Mlle Mélanie Bastian, âgée de cinquante-deux ans, était enfermée depuis vingt-cinq ans chez sa mère (veuve de l'ancien doyen de la Faculté des Lettres de Poitiers) dans une chambre sordide, où elle vivait parmi les ordures dans l'obscurité la plus complète.
Comment cette affaire, où la culpabilité de Mme Bastian et de son fils semblait évidente, put-elle aboutir à un acquittement des inculpés ? L'exposé d'André Gide permet de comprendre cette décision et éclaire magistralement cette affaire qui est devenue légendaire. Qui n'a entendu répéter l'expression inventée par la séquestrée : le « Cher Grand Fond Malampia » ?
L'Affaire Redureau : le 13 septembre 1913, le jeune Marcel Redureau, âgé de quinze ans et domestique au service des époux Mabit, cultivateurs en Charente-Inférieure, assassinait toute la famille Mabit et leur servante : en tout sept personnes. Pourquoi cet enfant docile et doux, reconnu parfaitement sain de corps et d'esprit, né de parents sains et honnêtes, a-t-il commis ces crimes ?
André Gide démonte magistralement le dossier de cette affaire devenue légendaire. Et il conclut: " Ne jugez pas. " ( )