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Chargement... Un homme qui dort (1967)par Georges Perec
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Inscrivez-vous à LibraryThing pour découvrir si vous aimerez ce livre Actuellement, il n'y a pas de discussions au sujet de ce livre. Je m’aperçois que quoique Perec ait écrit des textes de natures et d'essences très diverses, on reconnaît en lui certaines constantes. Dans chaque livre, on retrouve Perec, on retrouve celui qui se confiait dans Je suis né. Ici, il utilise la deuxième personne du singulier et bien que tu ne sois plus dans la situation du protagoniste penché sur l'écriture ardue d'une thèse, tu te sens interpellé dans tes souvenirs, dans tes expériences et tu vis toi aussi cette détresse déprimée. Un homme qui dort pourrait être l'archétype du roman sombre, mais il ressort toutefois de l'oeuvre une conscience du monde, de l'espace et du temps qui est celle de Perec, unique et méthodique. Tu lis, une à une, les cartes pâlies affichées à la devanture d'un graveur : Docteur Crubellier, stomatologiste, Diplômé de la faculté de médecine de Paris, sur rendez-vous seulement, Marcel-Émile Burnachs S.A.R.L. Tout pour les tapis, Monsieur et Madame Serge Valène, 11 rue Lagarde, 214 07 35; Réunion de l'Amicale des Anciens élèves du Collège Geoffroy Saint-Hilaire, Menu : Les Délices de la mer sur le lit des glaciers, le Bloc du Périgord aux perles noires, la Belle argentée du lac. [G. P.] L'édifice de La vie mode d'emploi se situe rue Simon-Crubellier; Valène en est un locataire. Et dans ce «romans», on retrouve un passage tout à fait similaire à celui-ci. C'est l'intertextualité qu'on aime de Perec. [http://rivesderives.blogspot.ca/2016/10/un-homme-qui-dort-georges-perec.html] De la mi-conscience du quasi-sommeil à l'indifférence du refus de la vie, Perec décrit là une situation ultime, avec une langue ultime. Expérience littéraire abscons qui fleure bon les années 60, on peut-être rebuté par cette vision descriptif et introspectif du monde. Expérience ultime, non seulement dans la trame de l'histoire, mais bien également dans la langue, construite d'accumulation déclamatives. La vie n'existe que par les détails que l'on observe, tout détail étant égal à un autre. Dans cette narration hypnotique, où toute intrigue est absente, où les activités du personnage sont insignifiantes, sans valeurs, nivelant tout acte au niveau des autres, est-ce vraiment l'indifférence, dont se revendique le personnage qui prédomine, ou au contraire une haute conscience de soi ? A voir, le film, qui rend accessible d'autres hypnotismes que Perec n'a sur rendre (le son notamment, mais aussi, celui de l'image) : http://www.dailymotion.com/video/x3svpv_georges-perec-un-homme-qui-dort_shortfil... aucune critique | ajouter une critique
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En ung mand - 25 år - fortæller i en monolog om sit absurde ikke-liv i Paris, tynget i sindet af en depressiv oplevelse af altings meningsløshed og ligegyldighed. Aucune description trouvée dans une bibliothèque |
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Google Books — Chargement... GenresClassification décimale de Melvil (CDD)848Literature French Miscellaneous French writingsClassification de la Bibliothèque du CongrèsÉvaluationMoyenne:
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L'histoire? Celle d'un étudiant qui plonge dans une profonde indifférence, qui ne participe plus à rien et qui devient le spectateur et le témoin précis de sa propre existence. Une existence dans laquelle il ne se passe plus rien ou si peu. Une vie de sommeil sans rêve, à l'exception de quelques visions de cauchemar.
Le personnage renonce à ses études, à la société, à l'altérité, à toutes formes de désir et d'appétence. Que ressent-il dans cet état? C'est difficile à dire étant donné que l'auteur se refuse à tout psychologisme; pourtant, on perçoit ici et là un sentiment de souffrance mais aussi une certaine forme de jouissance à travers la liberté que procure l'inaction et l'effacement des contraintes sociales. Choisit-il cet état où le subit-il? A cette question, aucune réponse non plus ne sera donnée au lecteur. Perec n'argumente pas et offre un texte ouvert.
La mise à distance de soi est subtilement induite dans le choix de l'effacement du "je". L'auteur/personnage ne s'adresse à lui(-même) que par le biais du tutoiement. Un "tu" décidément habile qui peut aussi interroger directement le lecteur (on se souvient du "vous" que Michel Butor utilise de manière exclusive dans La modification). On sait l'importance du jeu chez Perec (on se souvient de la place qu'occupe le puzzle dans la vie de Bartlebooth dans La vie mode d'emploi); ici, on pourrait dire que le jeu chasse le "je". Le personnage se complaît à être la pièce manquante du puzzle et semble tirer une certaine vanité à adopter une neutralité totale.
Ce qui frappe à la lecture de ce texte, c'est sa tonicité, sa singularité, sa densité, son habileté. Il recèle également d'innombrables références littéraires qui ne font l'objet d'aucune démonstration. Car cet homme qui dort est paradoxalement dans un état d'éveil très aigu, d'hyper-lucidité, où chaque détail est capté et commenté.
Quand on sait que l'auteur a connu des périodes de dépression, on est moins surpris de l'extrême précision avec laquelle il dépeint la situation et les pensées -parfois cauchemardesques- de son personnage.
Dans les toutes dernières lignes du livre, on peut toutefois espérer une trouée de ciel bleu et un retour à l'affect à travers ces mots :
"Non. Tu n'es plus le maître anonyme du monde, celui sur qui l'histoire n'avait pas de prise, celui qui ne sentait plus la pluie tomber, qui ne voyait pas la nuit venir. Tu n'es plus l'inaccessible, le limpide, le transparent. Tu as peur, tu attends. Tu attends, place Clichy, que la pluie cesse de tomber".
Place Clichy, où commence Le voyage au bout de la nuit de Bardamu. Là où l'homme qui dort renaît peut-être à la pluie, là où il espère qu'elle cesse. Attendre, c'est espérer.
Le texte est d'une telle richesse qu'il livrera à chaque nouvelle lecture un peu plus de ses innombrables trésors. ( )