> Babelio : https://www.babelio.com/livres/Reinhardt-Lamour-et-les-forets/620301

> L’AMOUR ET LES FORÊTS, par Eric Reinhardt (Gallimard - 2016, Poche, 416 pages). — À l'origine, Bénédicte Ombredanne avait voulu le rencontrer pour lui dire combien son dernier livre avait changé sa vie. Une vie sur laquelle elle fit bientôt des confidences à l'écrivain, l'entraînant dans sa détresse, lui racontant une folle journée de rébellion vécue deux ans plus tôt, en réaction au harcèlement continuel de son mari. La plus belle journée de toute son existence, mais aussi le début de sa perte.
—Johnny Gimenez (Culturebox)
Récit poignant d'une émancipation féminine, L'amour et les forêts est un texte fascinant, où la volonté d'être libre se dresse contre l'avilissement.

> L’AMOUR ET LES FORÊTS, par Eric Reinhardt (Gallimard - 2016, Poche, 416 pages). — « J’ai eu envie de connaître Bénédicte Ombredanne en découvrant sa première lettre : c’était une lettre dont la ferveur se nuançait de traits d’humour, ces deux pages m’ont ému et fait sourire, elles étaient aussi très bien écrites, c’est un alliage suffisamment rare pour qu’il m’ait immédiatement accroché. 
D’abord un peu précautionneuse, cette lettre était, à mesure qu’elle progressait, de plus en plus féroce et mécontente. De l’ironie, une réjouissante indiscipline, des clameurs de cour de récréation résonnaient dans ses phrases — leur graphie inclinée vers l’avenir suggérait bien l’audace consciente d’elle-même avec laquelle cette inconnue s’était précipitée vers moi par la pensée, comme si sa lettre avait été écrite d’une traite sans être relue avant de disparaître irrémédiablement dans la fente d’une boîte postale, hop, ça y est, au terme d’une course irréfléchie, fougueuse, qui sans doute avait démarré à la seconde où la jeune femme avait posé la plume de son stylo sur le papier, déterminée, en se refusant la possibilité de tout retour en arrière, avais-je senti dès la première lecture. »
—Johnny Gimenez (Culturebox)

> Par Cécile Amara (LaPresse.ca) : L'amour et les forêts: écriture riche, quasi lyrique ****
26 sept. 2014 ... Mariée, deux enfants, professeure de lettres. Bénédicte Ombredanne porte un nom de conte de fées et s'applique à renvoyer l'image de la plénitude familiale et conjugale. Une fiction tissée d'idéalisme à laquelle elle s'accroche pour supporter un quotidien fait d'humiliations infligées par son mari, un «harceleur certifié».

Un livre bien écrit mais dont l'histoire encrée dans notre quotidien ne nous embarque pas bien loin. Fin annoncée d'une femme qui avant de mourir va trouver l'amour sur Meetic, rien de nouveau pour le lecteur. ( )

Bon là, je ne peux pas. Quelle pédanterie (lisez le nom de la fan lectrice), quelle autocentrisme, quel narcissisme ... Belle écriture ? Oui, c'est une écriture déliée et élégante, mais tellement vaniteuse.

Comme plusieurs lecteurs, je ne suis pas parvenue à arriver à la fin du premier chapitre, c'est tout dire. Car le premier chapitre, c'est l'envol, l'élan, le départ qui doit vous donner l'envie d'aller plus loin.

Et là, cela m'a juste donner l'envie d'aller voir ailleurs, un livre qui me correspondrait mieux. ( )

Une très belle écriture, comme un souffle, qui porte ce roman de bout en bout, tient le lecteur en haleine face à ce drame conjugal qui se noue devant nous et dans lequel on assiste au délitement progressif d'une vie, celle de Bénédicte Ombredanne, professeur de français.
L'auteur lui-même se met en scène, et c'est ainsi qu'il nous présente cette jeune femme qui va se confier à lui lors de plusieurs rencontres suite à sa lecture à elle du roman que Reinhardt a écrit et qui à fait mouche dans la vie sombre de Bénédicte. Elle admire l'auteur, partage avec lui son goût intense pour la littérature et pour les mots en général, qui savent nous sortir de nos petitesses et nous élever. Mais elle vit un enfer quotidien, avec un mari cadre supérieur qui cache totalement son jeu en société ; et là se pose la question de fond du livre : qui sont nos proches, notre entourage, les personnes avec lesquelles on partage des bouts de nos vies. On est finalement très seuls, dans un monde où le paraître prend une place démesurée.
Un très beau roman, sensible et parfois troublant, primé par le Goncourt des lycéens entre autres. ( )

Eric Reinhardt a puisé la matière de ce livre à partir de quelques rencontres fixées avec une lectrice. Cette femme lui avait adressé une lettre d'une telle beauté et d'une telle singularité qu'il s'était décidé à rompre le principe qu'il avait jusqu'alors respecté d'éviter toute rencontre avec ses lecteurs.
Il s'est avéré que cette femme détenait un lourd secret : celui d'une vie en captivité gangrenée par un mari odieux, immature, sans affect, harceleur et pervers.
C'est l'histoire de cette femme, Bénédicte Ombredanne, que l'auteur s'est attaché à restituer dans ce roman bien écrit, intense, original et multiple dans son ambition, quoique assez inégal. Il choisit de redonner de la voix à cette femme intelligente et sensible, agrégée de lettres, qui subit un outrage et un avilissement quotidiens.
Elle essaie bien un court instant de sa vie de se rebeller et d'échapper à son enfer conjugal. Elle arrive même à rencontrer sur internet un homme en tous points fait pour elle avec lequel elle passera la journée d'amour et de partage la plus extraordinaire de son existence. Mais elle ne parviendra pas à s'extraire de sa prison mentale et des griffes du monstrueux époux.
Bénédicte Ombredanne, femme de devoir et soucieuse de préserver les apparences, mère qui ne parvient pas à nouer une relation d'amour avec ses deux jeunes enfants résolument tournés vers leur père, épouse humiliée et vidée de toute substance. Perdue, éperdue.
Sa longue descente aux enfers est narrée avec soin et n'épargne aucun détail au lecteur qui aurait instinctivement envie d'y échapper, happé à son tour par le caractère suffocant et mortifère de la cruauté psychologique subie.
Cette narration souvent implacable n'est cependant pas sans défaut dans la mesure où elle fait aussi une assez large part à des digressions parfois ennuyeuses et/ou assez malvenues et qu'elle comporte des invraisemblances (ex : les propos que l'auteur fait tenir à Lola, fille de la protagoniste, ne sont pas du tout en adéquation avec son jeune âge).
Le grand intérêt du livre réside dans la force du témoignage qu'il apporte sur la maltraitance conjugale qui n'a pas besoin de coups physiques pour être d'une violence inouïe.

Avec cette interrogation qui est celle de quiconque ne vivant pas un pareil enfer : comment une femme intelligente et indépendante financièrement peut-elle se laisser anéantir par un crétin cruel dont on finit forcément par connaître toutes les ficelles? Comment est-ce possible a fortiori lorsque le hasard offre à cette femme une rencontre extraordinaire avec un homme sincère, sain, aimant, respectueux et intelligent et prêt à tout lui donner?

Ceci demeure évidemment un mystère insondable.

"Je préfère le profond, ce qui peut se pénétrer, ce en quoi il est envisageable de s'engloutir, de se dissimuler: l'amour et les forêts, la nuit, l'automne, exactement comme vous." ( )