Récit d'aventure et de voyage. Une expédition extraordinaire de 7000 km en radeau dans le pacifique

Le 28 avril 1947, le Norvégien Thor Heyerdahl prend la mer. Il quitte le port péruvien de Callao sur un radeau composé de troncs en balsa et assemblés avec des cordes de chanvre. Pour tout abri une cabane en bambou !! Il part rejoindre la Polynésie avec quatre compatriotes et un suédois. 7000 km de traversée dans des conditions spartiates !
Il entend ainsi démontrer au monde scientifique - qui le prend pour un illuminé - l'idée qu'il défend depuis un séjour dans les îles Marquises en 1937 : le peuplement de la Polynésie a des origines Sud-américaines. Jusque là, l'hypothèse admise penche sur une colonisation venue d'Asie, la traversée de l'océan pacifique aurait été impossible aux précolombiens.

Puisque c'est "impossible", faisons-le !! Et dans les conditions de l'époque (-500 avt JC). Seule une radio sera concédée à la modernité et permettra de garder aléatoirement et au hasard un lien avec l'un ou l'autre des radios amateurs.
Le radeau est chargé de provisions, baptisé Kon-Tiki (nom d'un Dieu Inca), remorqué au large de Callao et laissé à ses 6 aventuriers auquel un perroquet s'est joint.

Découvertes de la navigation, de la dérive, du maniement de la voile et de la gouverne. Découvertes du monde animal marin (pieuvres, requins, baleines, tortues de mer géantes, dorades, poissons volants, ...). Découvertes des tempêtes, des creux, des vents, des courants. Passage près de l'île de Pâques. Expérience folle, tendue par moments, reposante aussi, excitante, enivrante, dépaysante.

Succès !
L'Atoll de Raroia (archipel des Tuamotou) est atteint le 7 août.

C'est cette expérience dont témoigne l'auteur dans le livre "L'Expédition du Kon-Tiki".

Le livre fera grand bruit, édité et réédité dans de multiples traductions et versions. Un documentaire suivra et recevra un Oscar en 1950. Un musée sera ouvert à Oslo avec le radeau. Un film romancé sera tourné en 2012 (le plus gros budget jamais investi pour un film norvégien, à l'image de "Das boot" pour l'Allemagne en 1981).
A défaut d'académisme fermement et notoirement reconnu, l'auteur aura atteint la notoriété, la célébrité et l'aisance utile a de futures expériences "archéologiques", "ethnologiques".

Livre vivant à l'écriture assez fluide, certains passages s'avèrent très drôles, quelques autres (peu nombreux) sont très descriptifs et détaillés. Cela ne nuit néanmoins que peu au rythme de lecture qui finalement s'accommode assez bien aux diverses conditions que l'on peut imaginer en plein océan. On avance au grès des vents, du temps et des conditions de vie d'un groupe de six Nordiques venus tâter... à moins que ce ne soit tenter... le Pacifique.

Bonne lecture somme toute, agréable, hors âge (enfant/adulte) et hors temps (Homère ne fait-il dans l'épopée ?). Vernes reste l'un des auteurs les plus lus dans le genre. De la fiction au réel, il n'y a qu'un pas. Heyerdahl le démontre.
Ce récit est d'autant plus attrayant qu'il s'agit sans doute de l'une des dernières expéditions (la dernière ?) ou quelques hommes - avec des moyens d'apprentis bricoleurs (ou presque) - ont pris en main leur sort et leur destin pour en faire une aventure tout à fait unique et extraordinaire.

L'eau à la bouche ?
Croisiéristes, avant le paquebot, prenez le radeau.
On dit : "Pas d'eau, pas de vie" ! Le Kon-Tiki ? Ici ? Que d'eau ! Que de vie ! De l'eau-de-vie, pardi. Bien beau ( )