La douleur de Lucile, ma m re, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d'adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma soeur et moi, mais toute tentative d'explication est vou e l' chec. L' criture n'y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d'interroger la m moire. La famille de Lucile, la n tre par cons quent, a suscit tout au long de son histoire de nombreux hypoth ses et commentaires. Les gens que j'ai crois s au cours de mes recherches parlent de fascination; je l'ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l' cho inlassable des morts, et le retentissement du d sastre. Aujourd'hui je sais aussi qu'elle illustre, comme tant d'autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut- tre, ne serait rien d'autre que a, le r cit de cette qu te, contiendrait en lui-m me sa propre gen se, ses errances narratives, ses tentatives inachev es. Mais il serait cet lan, de moi vers elle, h sitant et inabouti. Dans cette enqu te blouissante au coeur de la m moire familiale, o les souvenirs les plus lumineux c toient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan d roule avec force.