Bethsabé est un drame en quatres actesr rédigé entre 1898 et 1908.
Bethsabé est l’épouse du Hétien Urie, dont David se considère comme le débiteur : en effet, ce vaillant soldat, à plusieurs reprises, a risqué sa vie pour le roi. David souhaite recevoir Urie, mais ce dernier se refuse à pénétrer dans le palais avant que la ville de Rabba ne soit prise. C’est donc le soldat qui reçoit le roi, dans son petit jardin aménagé « dans le creux des murailles » du palais. Et là, dans cet humble abri, la reconnaissance du roi se transforme en envie : David comprend que le dénuement dans lequel vit Urie pourrait bien être préférable au pouvoir et au faste. Il cède alors, sans l’assouvir, à son violent désir de dépouillement : il prend Bethsabé, la femme d’Urie, mais se rend compte que ce n’est pas elle seule qu’il voulait, mais elle dans son jardin ombreux, avec sa vigne rouge. Une fois le crime commis, David est dévoré par le délire : il a des visions hallucinatoires, et raconte notamment avoir reçu la visite du spectre d’Urie, dont il a provoqué la mort en l’envoyant en première ligne
Ce drame fait partie des œuvres « bibliques » de Gide, qui s’inspire très librement du Deuxième Livre de Samuel, XI‑XII, tout en exploitant un récit de la tradition arabe qui lui a été conté par Athman lors de son deuxième séjour en Algérie en 1896.
Le texte, qui s’apparente à un « autre traité du vain désir » (Jean Claude), ou plus exactement encore à un traité du vain assouvissement, fait écho à de nombreuses autres œuvres gidiennes – à commencer par Saül, David étant à son tour en proie aux angoisses et aux hallucinations, et par Le Roi Candaule, la relation de passion-concurrence entre David et Urie n’étant pas sans rappeler celle entre Candaule et Gygès.
C’est aussi un Gide déjà politique qu’on découvre dans Bethsabé, avec la figure du « riche » (dans tous les sens du terme) qui veut tout posséder, même la pauvreté.