Une mécanique bien huilée. Lecture facile. Le ressort simple d’une douce nostalgie. ( )

Philippe Delerm est un écrivain de ma génération, raison pour laquelle je me suis laissée tenter par ce... comment l'appellerons-nous? essai? recueil de réflexions sur la vie quotidienne? Une quatrième de couverture qui commence par « A soixante ans on a franchi depuis longtemps le solstice d'été » est, par rapport à une cible comme moi et à mes préoccupations actuelles, un gagnant à coup sûr.

Ai-je trouvé dans ce volume ce que j'y cherchais? Je dois avouer que non. J'en ai admiré l'écriture, la capacité de description, le côté familier et sympathique. J'ai passé un moment agréable. Mais que m'en est-il resté? Au bout du compte, pas grand-chose, me semble-t-il. Je crains fort que le « minimalisme positif » ne soit un peu trop minimaliste pour mon goût (La figue mûre et La figue séchée, plus quelques autres du même genre, s'apparentent davantage dans mon esprit à une perte de temps qu'à l'accès à une expérience intéressante). Puis-je tirer une leçon de cette forme de « sagesse »? J'en doute. Et quand on en arrive aux chapitres dans lesquels Delerm s'interroge, avec une franchise sans doute louable, sur le rôle joué pour lui dans la sensation d'une satisfaction par le fait que les autres en soient privés, je freine des quatre fers: à chacun sa personnalité et son histoire, mais je ne peux pas accepter que l'on puisse, avec cet égoïsme tranquille, se réjouir du manque ou du malheur des autres. Ce n'est là qu'un détail, toutefois il a suffi dans mon esprit pour instaurer une distance difficilement réductible par rapport à l'auteur. ( )