Difficile de rester insensible à la lecture de ce livre que l'on a de la peine à qualifier de roman, tant l'histoire racontée colle de près à la véritable Histoire, celle qui ensanglanta l'Europe entre 1939 et 1945, et qui vit l'Angleterre payer un prix très lourd à la victoire contre l'Allemagne nazie. La mer cruelle évoque la bataille de l'Atlantique, la lutte opiniâtre et tenace de convois de cargos venant des Etats-Unis, munis de leurs escorteurs, contre la meute des U-boots. Plus précisément, le roman conte l'histoire des hommes de deux navires dont le premier fut coulé, le Compass Rose et le Saltash. Avec une progression purement chronologique, le lecteur entre dans les pensées du Commandant Ericson et de son second Lockhart, dans l'intimité de leurs doutes, dans leurs fatigues et souffrances pour maintenir la ligne de vie à travers l'Atlantique.

Le titre du livre résume tout ce qui fait la tension de ces pages : l’âpreté des luttes, le maintien de la discipline, les camarades que l'on voit mourir sans pouvoir intervenir, les navires coulés et par-dessus tout la mer insensible au destin des hommes, les tempêtes, le déchirement des flots, le froid mortel et les soubresauts d'un océan qui enserre les âmes, les cœurs et les corps dans un corset impitoyable, ne rejetant au bord du monde que des cadavres ou des êtres humains blanchis par la fureur océane.

Nicholas Monsarrat a tracé ces lignes au cordeau, sans fioritures, claquantes comme les lames venant du large. On en ressort éprouvé et infiniment reconnaissants envers ces hommes (et ces femmes) dont l'action obscure a été déterminante pour rectifier le cours de notre Histoire. ( )

Une histoire exceptionnelle, un livre éblouissant, à lire absolument ( )