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Jun'ichirō Tanizaki (1886–1965)

Auteur de Quatre soeurs

150+ oeuvres 10,795 utilisateurs 255 critiques 62 Favoris

A propos de l'auteur

Comprend les noms: Tanizaki, Tanizaki J, J. Tanizaki, Jow Tanizaki, 谷崎润一郎, Junich Tanizaki, 谷崎 潤一郎, 潤一郎 谷崎, 谷崎潤一郎,, 谷崎 潤一郎, Junikiro Tanizaki, Junchiro Tanizaki, Cuniciro Tanizaki, Cuniciro Tanizaki, Junichiro Tanizak, Juniciro Tanizaki, Junchiro Tanizaki, Tanizaki Junichiro, Junichiro Tanizaki, Junchirô Tanizaki, Yunichiro Tanizaki, Yunichiro Tanizaki, Junichiro Tanizaki, Junichero Tanizaki, Junichuro Tanizaki, Jumichiro Tanizaki, Junichiro Tanizaki, Junichoro Tanizaki, Junichiro Tanizaki, Junochiro Tanizaki, Junichiro Tanizaki, Junichiro Tanazaki, Junichiro Tanisaki, Junichiro Tanizaki, Juniciro Tanizachi, Cuniçiro Tanizaki, Tanizaki Junichirou, Junichirô Tanizaki, Juničiró Tanizaki, Junichirô Tanizaki, Jujnichiro Tanizaki, Junichiro Tanizachi, Juniichiro Tanizaki, Džuničiro Tanizaki, Jun ichirao Tanizaki, , Janichuro Tanizaki, Džuničiró Tanizaki, JunichirA´ Tanizaki, Junichiro e.a. Tanizaki, Junichirô Tanizaki, d Jun®ichir¯o Tanizaki, Juniçiro Tanizaki, Junichirˆo Tanizaki, Junichirô Tanizaki, Junichirõ Tanizaki, Jun'ichirō Tanizaki, Jun’ichirō Tanizaki, Junʼichirō Tanizaki, Junʾichirō Tanizaki, Jun ơichir¿ Tanizaki, Tanizaki Junichiro Dzsunicsiro, Cuniciro Tanizaki Ilker Ozunlu, Jun'ichir¯o Tanizaki, Jun'ichirç Tanizaki, ג'ונאיצ'ירו טניזקי, Дзюнъитиро Танидзаки, ג'וניצ'ירו טניזק, Танидзаки Дзюнъитиро, 潤一郎 (Jun'ichirou) 谷崎 (Tanizaki)

Œuvres de Jun'ichirō Tanizaki

Quatre soeurs (1943) 2,172 exemplaires
Éloge de l'ombre (1933) 2,019 exemplaires
Some Prefer Nettles (1929) 1,063 exemplaires
Un Amour insensé (1924) 953 exemplaires
La confession impudique (1956) 785 exemplaires
Seven Japanese Tales (1963) 637 exemplaires
Svastika (1930) 517 exemplaires
Journal d'un vieux fou (1965) 510 exemplaires
The Key & Diary of a Mad Old Man (1968) 171 exemplaires
Childhood Years: A Memoir (1988) 92 exemplaires
The Gourmet Club: A Sextet (2001) 91 exemplaires
Le Coupeur de roseaux (1932) 83 exemplaires
Devils in Daylight (2017) 80 exemplaires
The Maids (2017) 62 exemplaires
In Black and White (1928) 54 exemplaires
Portrait of Shunkin (1933) 50 exemplaires
Le pont flottant des songes (1959) 42 exemplaires
Le tatouage et autres récits (1980) — Contributeur — 39 exemplaires
Killing O-Tsuya (1915) 38 exemplaires
Deux amours cruelles (1960) 32 exemplaires
Pianto di sirena e altri racconti (1985) 22 exemplaires
Longing and Other Stories (2022) 21 exemplaires
Le pied de Fumiko (1998) 20 exemplaires
Morbose fantasie (1994) 20 exemplaires
Captain Shigemoto's Mother (1950) 17 exemplaires
Cuentos de amor (2013) 17 exemplaires
Sulla maestria (2010) 15 exemplaires
Il dramma stregato (1912) 14 exemplaires
Il demone (1995) 13 exemplaires
The Key [1984 film] (2009) — Writer — 12 exemplaires
Tanizaki : Oeuvres, tome 2 (1998) 12 exemplaires
Oeuvres Tome 1 (1997) 11 exemplaires
Opere (2002) 10 exemplaires
Avain. Kukin makunsa mukaan (1983) 9 exemplaires
刺青・秘密 (1969) 9 exemplaires
細雪 (上) (新潮文庫) (1999) 8 exemplaires
El club dels sibarites (1919) 8 exemplaires
Romans - Nouvelles (2011) 8 exemplaires
Yoshino (1998) 8 exemplaires
Storia di Tomoda e Matsunaga (1926) 8 exemplaires
Nostalgia della madre (1917) 7 exemplaires
La morte d'oro (1914) 7 exemplaires
The Tattooer (1910) 6 exemplaires
La chiave - La gatta 5 exemplaires
小さな王国 (1987) 4 exemplaires
文章読本 (中公文庫) (1996) 4 exemplaires
細雪 中 (新潮文庫) (1955) 4 exemplaires
細雪 (下) (新潮文庫) (2011) 4 exemplaires
Bir Kedi, Bir Adam, İki Kadın (2022) 4 exemplaires
La historia de un ciego (2016) 3 exemplaires
A Blind Man's Tale (1931) 3 exemplaires
乱菊物語 3 exemplaires
Gold und Silber (2003) 3 exemplaires
当世鹿もどき 3 exemplaires
El amor de un idiota (2018) 3 exemplaires
The Bridge of Dreams (1959) 2 exemplaires
Le secret et autres textes (2013) 2 exemplaires
Noir sur blanc (2020) 2 exemplaires
京の夢大阪の夢 2 exemplaires
細雪 下 2 exemplaires
Terror (1913) 2 exemplaires
The Two Acolytes 2 exemplaires
Racconti del crimine: 1 (2019) 2 exemplaires
Tatuaje (2011) 2 exemplaires
蓼喰う虫 2 exemplaires
La gatta 2 exemplaires
Cilgin Bir Ihtiyarin Güncesi (2006) 2 exemplaires
細雪 中 2 exemplaires
Hyllest til halvmørket (2020) 2 exemplaires
細雪 上 2 exemplaires
Neve sottile: romanzo 1 exemplaire
مديح الظل 1 exemplaire
Ca Tụng Bóng Tối 1 exemplaire
阴翳礼赞 1 exemplaire
The Thief (1921) 1 exemplaire
Aguri (1922) 1 exemplaire
Most snů 1 exemplaire
Шут 1 exemplaire
Eloge de l'ombre 1 exemplaire
Hada dora yathuru 1 exemplaire
cuentos crueles 1 exemplaire
Yume No Ukihashi 1 exemplaire
La croce buddista 1 exemplaire
Arrowroot (1931) 1 exemplaire
Liebe und Sinnlichkeit (2011) 1 exemplaire
Der Schlüssel. Marginalien (1961) 1 exemplaire
In praise of shadows 1 exemplaire
I piedi di Fumiko: Ave Maria (1919) 1 exemplaire
Yukiko (Chinese Edition) (2017) 1 exemplaire
武州公秘話 (2005) 1 exemplaire
Perché io l'amo... 1 exemplaire
痴人の愛 1 exemplaire
乱菊物語 (中公文庫) (1995) 1 exemplaire
جسر الأحلام 1 exemplaire

Oeuvres associées

The Art of the Personal Essay (1994) — Contributeur — 1,378 exemplaires
Black Water: The Book of Fantastic Literature (1983) — Contributeur — 500 exemplaires
The Penguin Book of Japanese Short Stories (2018) — Contributeur — 356 exemplaires
The Oxford Book of Japanese Short Stories (1997) — Contributeur — 229 exemplaires
Modern Japanese Stories: An Anthology (1962) — Contributeur — 162 exemplaires
Wolf's Complete Book of Terror (1979) — Contributeur — 76 exemplaires
Found in Translation (2018) — Contributeur, quelques éditions36 exemplaires
Tales of the Tattooed: An Anthology of Ink (2019) — Contributeur — 29 exemplaires
Tales of the Metropolis - Kaiki: Uncanny Tales from Japan, Vol. 3 (2012) — Contributeur — 21 exemplaires
Murder in Japan: Japanese Stories of Crime and Detection (1987) — Contributeur — 19 exemplaires
Modanizumu: Modernist Fiction from Japan, 1913-1938 (2008) — Contributeur — 16 exemplaires
Harde liefde de ruigste verhalen uit de wereldliteratuur (1994) — Contributeur — 12 exemplaires
De Japanse herfst : moderne Japanse verhalen (1989) — Auteur — 11 exemplaires
Japans verhaal elf moderne Japanse verhalen (1983) — Contributeur — 8 exemplaires
Ballada O Narayamie - Opowieści Niesamowite Z Prozy Japońskiej (1986) — Contributeur — 4 exemplaires
Hoog zomerboek dertien romans, novellen en lange verhalen (1994) — Contributeur — 3 exemplaires
Odd Obsession [1959 film] (1959) — Original novel — 3 exemplaires
De oude dag : een bloemlezing over ouderdom en ouder worden (1994) — Contributeur — 3 exemplaires
Blut in der Morgenröte (1994) — Contributeur — 2 exemplaires

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Critiques

Dans cet essai sur l'esthétique japonaise, publié en 1933, l'écrivain défend une esthétique de la pénombre comme réaction à l'esthétique occidentale où tout est éclairé. Il revendique la patine des objets en opposition à la manière lisse de l'Occident.
 
Signalé
biblio-lanterne | 51 autres critiques | Aug 20, 2021 |
Après le billet sur ce livre, j’arrête de vous embêter avec Junichirô Tanizaki pour au moins une semaine. Je me suis fait offrir le Quarto (où il y a plein de romans et trois nouvelles), et en plus j’en ai pris d’autres à la bibliothèque (des nouvelles mais pas de romans). Ceci explique cela.

Journal d’un vieux fou est le dernier texte qu’a écrit Junichirô Tanizaki, où il parle d’un sujet qu’il vit tous les jours : la vieillesse et plus exactement la maladie, le corps qui lâche … Mais comme c’est Tanizaki, il y a une relation malsaine avec une femme (pas la sienne par contre). On va aborder ces deux points séparément en commençant par la maladie.

Le livre est écrit sous forme d’un journal, le journal d’un homme âgé, très malade. Plus exactement, il enchaîne les maladies le rendant dépendant de son entourage, c’est-à-dire son infirmière, sa femme, son fils et sa belle-fille qui vivent avec les parents. Cet homme a aussi deux filles mariées, qui ne vivent pas là mais qui viennent régulièrement en visite dans la famille. La forme du journal permet de connaître les pensées intimes de l’homme.

Il a trois préoccupations principales : les médicaments pour calmer les douleurs, le contrôle de la famille et sa belle-fille. Pour les médicaments, l’homme connaît tous leurs noms, mieux que les médecins et son infirmière, qui se voit contrainte d’administrer des médicaments selon les consignes du malade. Bien sûr, ses nombreuses maladies font qu’il pense à la mort et surtout à son enterrement. J’ai eu l’impression que l’organisation des funérailles n’était qu’un prétexte (par exemple, il ne cherche pas à soulager sa famille qui sera dans le deuil) ; son but est plutôt de jouer de sa maladie, de son enterrement pour garder le contrôle sur sa famille, continuer à être le chef de famille. Ainsi, du fait de sa maladie, il ne peut plus avoir les mêmes activités qu’auparavant. Sa famille l’aide, cherche aussi à lui faire plaisir, mais lui rabroue tout le monde et surtout fait tout ce que tout le monde lui déconseille. Un autre exemple, il refuse de l’argent à sa fille, alors qu’il offre un diamant hors de prix à sa belle-fille, lui fairt construire une piscine…

Cela marque aussi tout « l’attachement » qu’il a pour sa belle-fille. Celle-ci n’a jamais été acceptée par le reste de la famille car elle était danseuse avant son mariage (et a donc supposément des mœurs douteuses). C’est le père qui a laissé le mariage se faire, pour embêter tout le monde mais aussi pour profiter de la plastique de la dame (et de son fort caractère). La dame en profite tout ce qu’elle peut : elle accepte de recevoir le vieil homme dans sa douche contre le fait que son amant puisse venir en journée dans la maison (je rappelle que le mari de la dame est le fils du monsieur), elle accepte d’autres choses que l’on pourrait qualifier d’érotique (mais pas de sexuel ou pornographique) pour obtenir un bijou. Tout cela provoque une certaine fébrilité chez le narrateur, qui ne contribue pas à sa guérison. Toute la famille est au courant mais ne peut rien dire car c’est lui qui est le chef de famille. La belle-fille profite de son beau-père et vice-versa à mon avis.

Je ne pense pas en révéler trop en disant que tout va s’arrêter quand le beau-père va prendre des empreintes des pieds de sa belle-fille. Je n’en ai pas parlé pour les autres romans mais c’était déjà présent. Tanizaki est un fétichiste du pied, c’est pour lui l’apogée du désir. Il n’y a pas de scènes explicites de sexe dans ses livres (cela se comprend vu que ce sont des romans japonais, écrits au début du XXe siècle) mais toujours des scènes avec les pieds des jeunes femmes, où l’auteur met beaucoup d’érotisme. Ici, on voit tout le poids qu’il met dans cette partie du corps puisque c’est le moment où le vieil homme va trop loin. Personnellement, je trouvais déjà qu’avant cela allait trop loin (elle accepte son beau-père dans sa douche !) alors que pour Tanizaki, c’était un jeu et c’est le fait qu’on touche aux pieds, qui fait que l’on rentre dans l’intime, dans le trop intime en fait.

J’ai aimé ce roman mais moins que les précédents. J’ai aimé la description du corps qui flanche, de la relation familiale et de la relation personnelle avec sa belle-fille. J’ai trouvé par contre les passages sur les médicaments très ennuyeux (ils sont réalistes par contre). Mon sentiment est aussi que le mélange des deux thèmes principaux, la passion amoureuse et la vieillesse, est un peu faible. Il y a des longs passages sur un thème puis des longs passages sur un autre thème, et quand on est plus intéressé par un thème que l’autre, forcément cela peut devenir long. Après, je peux accepter que c’est la forme du journal qui impose cela. Quand on souffre, il est normal de n’écrire que sur sa santé et ses médicaments, et de ne plus penser aux histoires avecsa belle-fille. Le problème vient donc de moi, et de ce que je voulais, pour ce point particulier.

En conclusion, je n’ai toujours pas compris l’illustration de couverture ; cela doit être un peu trop subtile pour moi. Si vous avez un bout d’explications, je suis preneuse en commentaire.
… (plus d'informations)
 
Signalé
CecileB | 15 autres critiques | Nov 25, 2018 |
Un amour insensé est donc le deuxième Junichirô Tanizaki que j’ai pris l’autre jour à la bibliothèque. Vous commencez à connaître : c’est l’histoire d’un couple où tout ne se passe pas bien. Mais ici, le lecteur le sait dès le départ et est épaté par la naïveté (et la bêtise, mais cela s’est jugé depuis notre époque) de l’homme, qui est aussi le narrateur de l’histoire.

On est au Japon, dans les années vingt. Jôji Kawai, la trentaine, est ingénieur mais surtout célibataire et assez seul ; il ne semble vivre que pour bien faire son travail. Il a grandi à la campagne, où sa famille se trouve encore et s’en sort plutôt bien. Lui travaille en ville. Il n’est pas très beau, plutôt solitaire et a du mal à trouver une femme. Dans un restaurant où il a ses habitudes, il repère une serveuse d’une quinzaine d’années, Naomi. Naomi est un prénom très original pour le Japon, qui, et l’auteur l’écrit dès la première page, pourrait passer pour Occidental. C’est la première chose qui intéresse Jôji. Il en vient à s’intéresser au physique, mais par un biais assez original pour le lecteur du XXIe siècle :

Curieusement, c’est une fois éclairé sur ce prénom non exempt de recherche, que j’en vins à trouver à la personne une physionomie tout à fait intelligente, avec quelque chose d’occidental, et à me dire : « Ce serait pitié que de la laisser végéter comme serveuse dans un pareil endroit! »
Le critère principal pour déterminer la beauté de Naomi est donc, là-encore, son côté occidental. Cela s’inscrit dans une période où la mode japonaise était à l’occidentalisation, parfois jusqu’à avoir honte de sa propre culture. Naomi vient d’une famille qui se fiche un peu de son sort et donc, quand Jôji propose de la prendre sous son aile, personne ne s’y oppose. Je rappelle qu’elle a quinze ans et lui trente et qu’il s’agit ici de la « former » (sous-entendu à ses goûts et pour qu’il soit fier de la montrer) pendant deux ans et de la prendre pour épouse ensuite. Dès le départ, ils vivent donc sous le même toit. Naomi a promis d’obéir au doigt et à l’œil ; elle est autorisée à sortir l’après-midi (après s’être occupé de la maison) pour prendre des leçons d’anglais et de musique. Rapidement, Naomi prend le contrôle du ménage et n’en fait qu’à sa tête. Jôji l’accepte, en admiration devant sa déesse, et finalement, au lieu de transformer Naomi, citadine, en jeune femme avec une bonne éducation « de campagnarde » (sans que cela soit péjoratif), c’est Jôji qui va s’occidentaliser sous l’influence de Naomi, de ses amis et de leur jeunesse. Plus le roman s’avance, plus la relation à l’intérieur du couple se transforme en une relation masochiste. Naomi sait qu’elle peut tout demander et que Jôji obéira. Pendant tout le livre, on s’interroge sur qui va gagner (parce que Jôji a quand même des moments de lucidité).

Lectrice du XXIe siècle, je savais dès le départ que cela ne marcherait pas. On ne dresse pas une femme comme on dresse un chien (et même les chiens n’ont pas tous le même caractère) : il y a une personnalité à l’intérieur du corps « occidental ». Ce n’est pas une créature à qui il faut donner la vie. Je n’ai par contre ressenti aucune empathie pour ce sombre monsieur et j’ai même pris un plaisir sadique à le voir souffrir.

L’intrigue est en soi « facile ». Le roman se focalise sur la relation de couple (avec apparition fugitive des différents amants) et le lecteur sait qu’il n’en sortira pas. L’intérêt du livre tient aux différents rebondissements : amour, disputes, réconciliation, secret, tromperie, manigance, dans un cycle qui peut sembler sans fin. Le livre est en cela un peu une comédie ; le lecteur se demande toujours comment Naomi va s’en sortir la prochaine fois.

Le thème de l’occidentalisation est introduit par la préface de Pasolini (en tout cas dans l’édition Folio). Plus qu’un thème, je dirais que c’est un décor (ou un thème sous-jacent peut-être). L’auteur n’en fait pas un sujet de conversation, lui et ses personnages ne donnent pas leur avis, même en aparté. Dans un bal, un homme est « déguisé » en Occidental mais on juge l’homme ridicule et non la situation ou la mode. La fin du roman n’incite pas vraiment non plus à tirer de conclusions, ni même d’enseignements. Par contre, c’est un élément important dans tout le roman où il est fait allusion à cette occidentalisation à tout propos : la nourriture, les vêtements, le logement, les danses, la mode, les comportements (et aux prix de tout cela)… Pasolini précise dans sa préface que cette occidentalisation est explicitement décrite et utilisée ; elle est plutôt sous-entendue dans les autres romans de Tanizaki.

En conclusion, j’ai pris un plaisir sadique à lire ce livre et je vous recommande de faire de même.
… (plus d'informations)
½
 
Signalé
CecileB | 21 autres critiques | Nov 22, 2018 |
J’avais découvert Junichirô Tanizaki l’année dernière avec La Clef ou la confession impudique. Lors de mon dernier passage à la bibliothèque, j’ai emprunté deux autres de ses ouvrages dont celui-ci, Svastika, paru pour la première fois au Japon en 1928. J’ai vraiment encore une fois beaucoup aimé.

Une femme, Sonoko Kakiuchi, raconte à un écrivain son histoire, que l’on sait dès le départ tragique, sans savoir pourquoi. En effet, Sonoko Kakiuchi est, au moment de sa « confession », veuve, sans que l’on sache réellement depuis combien de temps. Elle était auparavant mariée, dans un mariage de convenance. Lui travaillant toute la journée dans son entreprise (qui ne fonctionne pas fort), elle décide de prendre des cours de peinture dans une École des Beaux-Arts de Jeunes Filles, pour rompre sa solitude et se faire de nouvelles connaissances. C’est à ce moment que les ennuis commencent. Pendant un cours, elle réalise un tableau de Kannon, d’après modèle mais ne peint pas le visage du modèle, lui préférant le visage d’une autre élève, Mitsuko. Le directeur de l’école se moque d’elle, des rumeurs sur une relation homosexuelle commencent à circuler alors que pour Sonoko, il ne s’agit au départ que d’une attirance esthétique vers une personne qu’elle a remarquée dans les couloirs. Elle n’a même jamais parlé à Mitsuko.

Quand celle-ci a vent des rumeurs, elle décide qu’il est temps de faire la connaissance de Sonoko. Elles deviennent très rapidement amies, puis amantes (sans que cela soit explicite dans le texte). La relation devient de plus en plus exclusive, le mari de Sonoko devenant un intrus auquel il faut cacher les faits par de nombreuses tromperies. Il apparaîtra plus tard que Mitsuko n’est pas tout à fait sincère (alors que c’est d’elle dont vient la demande d’exclusivité) puisque elle-même a un amant, Watanuki, qui n’est pas approuvé par sa famille (qui elle a en vue d’autres futurs maris). La relation à deux se transforme en relation à trois, puis à quatre quand le mari de Sonoko se rend compte de la situation, les quatre personnages principaux étant les quatre branches du svastika, une croix qui tourne.

Je reprends ici une des formules d’un commentaire sur Amazon : le livre explore à peu près toutes les combinaisons possibles dans une relation à quatre. C’est un peu exagéré mais en tout cas beaucoup de combinaisons : cela donne une fin totalement inattendue, en tout cas de moi. On retrouve ici la thématique chère à Tanizaki : la relation de couple et surtout la tension qu’il peut exister quand il y a de la frustration dans celle-ci. Je précise que la tension, dans ce livre, est plus amoureuse que sexuelle. On reste toujours en dehors de la chambre, contrairement au roman La Clef.

Ce que j’ai le plus aimé, c’est la description des relations entre les personnages, et plus particulièrement la précision des sentiments changeants qui vont les relier. Par exemple, Sonoko ne va pas se rendre immédiatement compte qu’elle est trompée par Mitsuko. Elle va passer de la naïveté, à la découverte, puis au pardon, puis à l’indignation, puis au pardon … un peu comme on le ferait dans une vraie relation. Et cela, c’est retranscrit avec finesse et précision par Tanizaki. Sonoko, lors de sa confession à l’écrivain, arrive à retrouver ses sentiments mais aussi ceux qu’elle a donnés, au moment des faits, à Mitsuko et à son mari.

On prend un peu en pitié Sonoko et son mari, même si eux-mêmes sont assez manipulateurs. C’est aussi ce qui m’a marqué pendant cette lecture : je n’arrêtais pas de changer d’avis sur les personnages, au fur et à mesure de la découverte des différentes manigances. Je pense que cela vient du fait que le lecteur reste extérieur (il n’y a pas vraiment de volonté de Tanizaki de faire naître une quelconque empathie) et tourne au rythme de la Svastika. Une constante tout de même durant ma lecture : je n’ai pas aimé Mitsuko (en tant que personne, pas en tant que personnage). Il apparaît très vite qu’elle ne fait que mentir et manipuler tout le monde, mais je me suis quand même demandée ce qui pouvait pousser à en arriver là : le caractère, l’éducation ou la société conservatrice et le désir de s’en libérer…

On sort ici de la simple relation de couple, pour découvrir (un peu) le Japon de l’époque et la manière dont les familles mais aussi la société (et le qu’en-dira-t-on) peuvent influer sur un couple et gère les moutons noirs ne respectant pas totalement les codes sociaux. Je trouve que là encore, c’est assez différent de La Clef. C’est un thème qui est approfondi dans le deuxième livre que j’ai pris et que je suis en train de lire, Un amour insensé.

En conclusion, c’est un très bon livre. On prend un très grand plaisir à suivre la manière dont les quatre personnages se jouent les uns des autres (ce n’est absolument jamais ennuyeux, toujours palpitant), et à se laisser manipuler par l’auteur.
… (plus d'informations)
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Signalé
CecileB | 13 autres critiques | Nov 17, 2018 |

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