J. Michael Straczynski

Une très belle oeuvre, stylistiquement superbe, un magnifique écrin pour un personnage emblématique qui n'a peut-être plus sa place dans le monde super-héroïque contemporain. L'ex-héraut de Galactus, pacifiste convaincu, répugnant à la violence mais doté d'un pouvoir cosmique terrifiant, aborde ici son dernier voyage, lui qui a vu naître des étoiles et mourir des civilisations.

Construit sur le schéma quaternaire des requiems en musique, l'histoire commence avec une révélation, qui s'impose rapidement à l'esprit de notre héros : un mal l'affecte, auquel il ne peut rien. Peut-être sur Terre quelqu'un parviendra-t-il à l'aider : Red Richards est sans doute l'un des êtres les plus savants qu'il connaisse, et ils ont oeuvré ensemble à maintes reprises pour la sauvegarde de l'Univers. Las ! Le leader des Fantastiques se rend à l'évidence : Norrin Radd va mourir. Son enveloppe inaltérable est en train de s'effriter, et il ne peut rien y faire. Les marvelophiles assidus y reconnaîtront aisément la trame de départ de l'immense graphic novel La Mort de Captain Marvel : les héros font l'amer constat que, s'ils ont des poings et des pouvoirs pour combattre les plus grands vilains de la Création, ils ne peuvent rien contre certains autres fléaux, plus vicieux, plus pernicieux, moins visibles mais tout aussi létaux. Alors le Surfer sait qu'il lui reste une dernière tâche à accomplir avant de quitter cette existence - et c'est là que le récit diverge : alors que Marvel était cloué au lit avec tous les héros de la Galaxie à son chevet, le Surfer est encore apte à sauver des vies et accomplir ses miracles habituels. Pourquoi par exemple ne pas faire cesser cette stupide guerre ancestrale entre deux peuples ? Entreprise homérique et symbolique, qui lui servira d'épitaphe s'il y parvient, avant de finir sur la planète qui l'a vu naître, et pour laquelle il a donné sa vie.

Bien que moins surprenant et dense que les scripts habituels de Straczynski, Requiem bénéficie de l'élégance de son écriture et de la sensibilité extrême de l'auteur, qui sait à merveille dépeindre les tourments dans lesquels se trouvent des êtres confrontés à des choix cruciaux. Une histoire pleine de délicatesse transcendée par quelques très beaux dessins d'Esad Ribic qui opte pour une iconisation discrète.… (plus d'informations)

L'exploration des origines réécrites du super-héros se poursuit avec grâce et élégance : Straczynski se concentre avant tout sur les motivations, sur les caractères, surprend tout en restant un maximum fidèle aux principes de la saga. Ce Superboy se pose les bonnes questions et ses pouvoirs sont dépeints avec une grande justesse, ce qui entraîne des situations et des inquiétudes inhabituelles. Car Kal-El, outre sa puissance et sa répidité, dispose d'une intelligence hors normes, ce qui lui permet de mieux s'adapter à l'environnement de sa terre d'adoption, tout en commettant force impairs et faux pas devant la complexité des rapports humains. Il doute, il craint mais il est également doté d'une volonté inflexible - qui est sans doute, de ses aptitudes, la plus remarquable. La relation qu'il entretient avec sa mère, avec Lois et avec sa charmante voisine sont dignes d'intérêt, et pleines de saveur. Les combats sont violents, dévastateurs et brefs, c'est à dire parfaitement adaptés au récit.
Restent les dessins, pas toujours agréables à l'oeil, avec des visages anguleux et mal définis et un style qui se rapproche des dessinateurs des années 90.… (plus d'informations)

Remarquablement écrite, cette nouvelle vision des origines de Superman s'avère agréable, percutante et convaincante dans sa première moitié, jusqu'à ce que Clark accepte d'assumer son côté Superman, d'être le phare et le gardien de l'Humanité, dans un contexte extrêmement proche de Man of Steel. La suite s'avère plus trouble, avec la création d'un antagoniste trop puissant, capable de le terrasser alors qu'il n'a pas encore fait ses preuves ; Straczynski propose alors un récit étonnamment plus classique, un peu timoré et sans surprise, tout en continuant de construire patiemment ce personnage qu'il affectionne, et en insérant une menace insidieuse qui rappelle furieusement ce qu'on trouvait dans Supreme Power.… (plus d'informations)

Une entreprise très ambitieuse, minutieusement montée. Au début, c'est assez impressionnant. Petit à petit, les rouages de la machinerie narrative se mettent en place, des personnages commencent à se faire récurrents : menaces, complots, trahisons viennent ajouter du piment à la mise en place d'un nouveau monde plein de promesses et d'inconnu. Néanmoins, on peine à vraiment se passionner, les événements se succèdent vite, les personnages sont à peine esquissés afin de laisser assez de place pour construire des histoires sur la trame brute. En outre, Deodato déçoit par ses finitions, il n'atteint pas cette maîtrise qu'il affichait au moment de Dark Avengers par exemple.
Une bonne plateforme de lancement qui manque d'humanité et de passion.… (plus d'informations)