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Shōhei Ōoka (1909–1988)

Auteur de Les Feux

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Œuvres de Shōhei Ōoka

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Chika Engeki No.4 1 exemplaire
(007)闇 (百年文庫) (2010) — Auteur — 1 exemplaire
海 1972年05月号 — Contributeur — 1 exemplaire

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Des livres comme cela il y en a peu. Des livres comme un uppercut dans l’estomac du lecteur.
Les Feux est un livre de guerre, inspiré de l’expérience de l’auteur. Mais c’est un livre de guerre comme on en lit peu. D’abord parce qu’il se passe aux Philippines, théâtre d’affrontements entre l’armée japonaise et l’armée américaine, un pan de la Seconde guerre mondiale rarement évoqué chez nous. Ensuite parce que ce n’est pas un roman de guerre à proprement parler. Ce ne sont pas les combats qui sont décrits, c’est la défaite et la déroute. Un sujet rarement traîté, ou alors pour montrer la grandeur des vaincus. Ici, aucune de ces fioritures, c’est la déroute dans tout ce qu’elle a de plus brutal qui est décrite à travers l’errance du soldat Tamura.
En lisant, je ne pouvais m’empêcher de penser que ce roman était japonais jusque dans ses moindres mots. J’ai du mal à expliquer cela mais j’ai cherché à comprendre d’où venait ce sentiment, et je crois qu’il a deux origines. D’abord la capacité à faire se côtoyer le plus beau (un paysage, une lumière…) et le plus laid (un cadavre en décomposition, une blessure purulente…). Les descriptions sont faites avec une économie de mots et une factualité jamais démenties, mais surtout elles peuvent passer du beau au laid sans transition, pas même en changeant de paragraphe ou de phrase, mais parfois dans la même phrase, la même ligne. Cela crée un sentiment de malaise que je retrouve dans certaines nouvelles de [[Kawabata]]. Autre chose qui m’a paru très japonais, c’est la description sans fard de la défaite dans ce qu’elle a de plus humiliant, de plus terre à terre. Il n’y a ici aucune velléité d’enjoliver la réalité ou de cacher ses aspects les plus sombres. Tout est mis sur la table, au lecteur de se débrouiller avec cela. On est loin des héros défaits ou même des anti-héros, Tamura n’est qu’un soldat ordinaire avec, comme le suggère l’auteur, un comportement ordinaire dans ce genre de circonstances. On est loin de l’imagerie occidentale, plongés directement dans le traumatisme difficile à imaginer pour nous, de la défaite japonaise qui marque aussi l’effondrement d’une conception du monde. Pas de collectif ici, non plus, c’est chacun pour soi et la solidarité n’existe que si elle est intéressée.
Ce livre est extrêmement dérangeant, il fait voler en éclat les stéréotypes ou les visions romantisées de la guerre, il nous égare dans les méandres de la survie la plus élémentaire, là où les questions morales n’ont plus lieu d’être, il nous entraîne dans les forêts denses et les marais boueux de l’île de Leyte, dans lesquels il nous laisse englués et sans espoir de s’en remettre. Un livre dur, impressionnant, où la force du propos contraste avec la simplicité du style, où l’apparente neutralité des descriptions cache un réquisitoire féroce contre l’inhumanité de la guerre, de toutes les guerres. Un livre indispensable.
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Signalé
raton-liseur | 10 autres critiques | Dec 12, 2021 |
Histoire d'une femme, entraîneuse de bar au Japon, qui se consomme et se consume. A l'approche de la quarantaine, sa beauté commence à se faner et ne suffira plus un jour à tourner la tête des hommes encore prêts à lui offrir les conditions matérielle d'une vie à l'abri du besoin. Illusion décousue et désespérée d'une femme qui ne croit finalement plus en les hommes ni en elle-même et qui n'a jamais vraiment su aimer ni se faire aimer. L'étourdissement jusqu'à l'abrutissement quotidien dans l'alcool ne remplira plus lui non plus la fonction qui lui permettait de s'oublier. Il ne lui restera pas d'autre choix que de disparaître, de se soustraire à une vie où elle n'est attendue nulle part. La scène finale du suicide où elle met soigneusement tout en œuvre pour ne pas se rater reflète une infinie tristesse.
Il est dommage que la traduction soit parfois laborieuse. Les dialogues pâtissent particulièrement de cette faiblesse en sonnant souvent assez faux.
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Signalé
biche1968 | May 22, 2018 |

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