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Hubert Selby Jr. (1928–2004)

Auteur de Last exit to brooklyn

28+ oeuvres 7,000 utilisateurs 94 critiques 27 Favoris

A propos de l'auteur

Crédit image: Photo: Sylvia Plachy

Œuvres de Hubert Selby Jr.

Last exit to brooklyn (1964) 3,014 exemplaires
Retour à Brooklyn (1978) 2,348 exemplaires
Le Démon (1976) 472 exemplaires
La Geôle (1971) 452 exemplaires
Chanson de la neige silencieuse (1986) 249 exemplaires
Waiting period (2002) 235 exemplaires
Le saule (1998) 176 exemplaires
Psaumes (1DVD) (2004) 2 exemplaires

Oeuvres associées

The Outlaw Bible of American Poetry (1999) — Contributeur — 594 exemplaires
Brooklyn Noir 2: The Classics (2005) — Contributeur — 70 exemplaires
New American Story (1962) — Contributeur — 48 exemplaires
Last Exit to Brooklyn [1989 film] (1989) — Original book — 14 exemplaires
Conversations with the Capeman: The Untold Story of Salvador Agron (2004) — Introduction, quelques éditions5 exemplaires
X-Ray No. 7 — Contributeur — 3 exemplaires

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Last Exit to Brooklyn by Hubert Selby, Jr. (Bowie's Top 100 for July) à 75 Books Challenge for 2016 (Septembre 2016)

Critiques

Un vieil ami m'a offert ce bouquin, avec beaucoup, beaucoup d'enthousiasme. Je n'en savais pas plus, et j'allais être sacrément dérouté par l'ouvrage.

J'écris avec et sans spoiler, je préfère le dire.

Il y a tout d'abord ce paragraphe d'introduction choc, qui mine de rien a beaucoup influencé mon premier état d'esprit: "Ses amis l'appelaient Harry. Mais Harry n'enculait pas n'importe qui. Uniquement des femmes... des femmes mariées." D'un côté, cela suscite indéniablement l'intérêt. Va-t-il s'agir d'une écriture au style cru, pour une histoire crue ? D'un autre côté, ça m'a donné une impression désagréable de racolage. Mais je pense avoir été bien attentif, et les embardées de ce style sont en fin de compte rares dans le bouquin. Et puis, s'agissant de la version française, je n'ai cessé de me demander quelle était la version originale. L'emploi de ce "mais" n'est-il pas bizarre: "Ses amis l'appelaient Harry. Mais..." ? Comment sait-on que Harry encule des femmes, plutôt que de les baiser ? Non, vraiment, ce paragraphe m'a vraiment travaillé... et d'ailleurs, voici la version originale: "His friends called him Harry the Lover. But Harry would not screw just anyone. It had to be a woman... a married woman.".

Ensuite, il y a eu toute la première partie du bouquin, où je me suis plutôt forcé de lire qu'autre chose: une énième histoire américaine, de jeune cadre dynamique, d'un milieu aisé, ou en voie de l'être. J'ai anticipé sur une histoire où les seuls préoccupations sont ou bien superficielles, ou bien le sexe, la drogue, les manigances, la quête de pouvoir... je n'avais pas envie de ça.

Sans parler de Harry, personnage insupportable par son égocentrisme extrême, son manque total d'empathie, son ambition étouffante, et ses obsessions...

Pourtant j'avais tort, car pour commencer ce bouquin ne s'arrête pas où les innombrables films et séries américaines s'arrêtent. De ce fait, la description méticuleuse de l'ascension de Harry est indispensable pour provoquer le choc de la descente vertigineuse qui se produit ensuite.

De plus, il y a le procédé utilisé par Selby pour nous aspirer complètement dans la tête de Harry: narration, descriptions, dialogues, pensées intérieures, tout est mélangé sans aucune distinction syntaxique, et entièrement centré sur le point de vue de Harry, de sorte qu'au fil de la lecture, on pense, voit, agit, angoisse au travers de lui.

Mon intérêt pour l'histoire de ce personnage a évolué lorsqu'il rencontre Linda. Car c'est là que tout commence, puisque c'est à partir de là que tout peut exploser. Le reste de la lecture se fait dans l'attente de cette explosion. Mais la descente est en réalité lente et douloureuse.

En fin de compte, il m'a semblé que Selby décrit ici le travers d'une éducation/culture américaine puritaine écrasante. Le parcours de Harry est un combat incessant contre sa culpabilité. Pour cela, il brave tous les interdits catholiques de manière obsessionnelle, et sans limite.

Culpabilité sexuelle en premier lieu, et puis professionnelle (lorsqu'il arrive en retard à son bureau il est persuadé d'avoir causé du tort à l'entreprise, et est en proie à une lutte intérieure entre culpabilité et justification), et puis familiale (obsédé par l'image de bon fils qu'il renvoie à ses parents). Cela aurait pu s'arrêter là, mais il y a l'épisode de la promotion ratée, et les échanges avec son patron, éléments déclencheurs de la phase d'ascension sociale parfaite: mariage, enfants, promotions, propriété, déménagement en banlieue puis à la campagne...

Durant tout ce temps, Harry n'entend pas son démon intérieur. Et puis, il y a le premier dérapage, avec les femmes des "relations publiques", c'est là que démarre la descente aux enfers, par le sexe. Ensuite, inéluctablement, Harry enfreindra chacun des interdits liés à son éducation: sexe, mensonge, convoitise, adultère, colère, vol, meurtre.

Des questions restent en suspens. Selby décrit franchement l'état de Harry comme une sorte de possession par un démon: description de dédoublement, de lutte intérieure entre deux personnalités, de sortie de son corps. Néanmoins, je refuse l'explication complètement mystique du phénomène, je pense que tout cela est de l'ordre du symbolique, très ancré sur le christianisme. Beaucoup d'éléments religieux interviennent, à commencer par les citations bibliques en introduction du bouquin, mais aussi le chemin de croix que semble parcourir Harry, en cherchant à se dégrader toujours plus (lorsqu'il se rend dans les bas-fonds pour baiser des junkies, et qu'il en vomit de dégoût), et enfin, le meurtre finale, du cardinal, dans une imagerie purement chrétienne, de résurrection, amour et pardons, tandis que lui, symbolise son déchirement par une lutte entre les chiens de l'enfer et les chiens de dieu. Seulement, je ne sais pas si Selby veut simplement décrire une sorte de délire paranoïaque ou bien s'il est vraiment dans une critique directe de cette éducation puritaine.

Enfin, il y a la scène du cauchemar où Harry bloque sur le corps nu de sa futur fille. Rêve prémonitoire, puisque sa femme n'est même pas enceinte. Cauchemar dont il ne parle à personne, et sur lequel il ne fait aucune remarque, mais qui reste la seule tentation qu'il réussit à repousser vivement, comme il le fait, après le meurtre du cardinal, lorsque ses yeux se rivent sur la peau nue d'une petite fille dans un parc, et qui déclenchera son suicide, et la fin de sa chute, vers les abysses.

Jamais un bouquin ne m'aura autant convaincu qu'une lecture intégrale est indispensable. En tous cas, il aura fait couler de l'encr... du pixel!
… (plus d'informations)
½
 
Signalé
jaythrotule | 9 autres critiques | Mar 19, 2014 |
C'est l'histoire d'Harry White un jeune cadre brillant dans son travail et véritable coureur de jupons à ses heures perdues. Bref, il a tout pour réussir et pourtant ...
Il lui arrive parfois d'avoir en fin de journée une boule au creux du ventre. Un sentiment en demi-teinte, l'impression de se sentir légèrement cafardeux sans raison apparente. Un peu comme certains dimanches après avoir passé la journée à l'intérieur à ne rien faire. Le soir venu, il peut arriver d'avoir le spleen sans trop savoir pourquoi, le regret de n'avoir rien fait, l'appréhension du lundi matin. Parfois, il lui arrive de s'emporter, de bouillir de rage. Ca lui arrive souvent après un week-end agité en prenant le métro le lundi matin, difficile de supporter ce qu'il nomme la populace qu'il trouve grouillante et puante, de se mêler à elle, d'en faire partie. Difficile aussi pour lui de supporter les petits échecs qui sont le lot quotidien d'un jeune cadre au travail: les remontrances du chef, les commérages des collègues, les rivalités, la réussite des autres. Harry sent bien que quelque chose couve et pousse au fond de lui et se sent à l'étroit mais pour l'instant il arrive à le contenir.
Le démon est une oeuvre surprenante et subtile. Hubert Selby Jr. mène la danse avec maestria, il parvient à dépeindre parfaitement la monté des états d'âmes et les efforts que fait Harry pour les refréner. Il sait trouver les mots justes pour décrire la souffrance et la détresse psychologique de son personnage.
Dans son style caractéristique l'auteur de Requiem for a dream entremêle dialogues et narration en un flot continu et utilise des effets typographiques de retrait pour souligner l'état intérieur des personnages. Le tout est un très grand roman extrêmement efficace, glaçant de réalisme.
Je vous en livre un extrait: 'Et puis le lendemain matin, et ces saloperies de remords, et ce sentiment de culpabilité qui torturent votre corps couvert de sueur et accablent votre esprit sans qu'on puisse jamais les identifier clairement parce que vous les refoulez, vous les rejetez au tréfonds de vos entrailles pour qu'ils s'y noient, se perdent dans autre chose, n'importe quoi, pourvu qu'on n'ait pas à les regarder en face, à les reconnaître et à les accepter pour ce qu'ils sont.' http://aubonroman.blogspot.com/2010/07/le-demon-par-hubert-selby-jr.html
… (plus d'informations)
 
Signalé
yokai | 9 autres critiques | Jul 14, 2010 |
Je me suis mis à "Retour à Brooklyn" de Selby Jr qui est sous titré "Requiem for a Dream" et dont est tiré le film. On retrouve un peu près le même type de personnage que dans le précédent bouquin que j'ai lu, "Roman avec Cocaine" (et ça ne finit pas mieux), un jeune de 20 ans drogué, cynique, sans coeur avec une mère seule et paumée. J'ai toujours aimé les films forts, les films qui vous font vous accrocher à votre fauteuil, traversé par les horreurs que vivent les personnages à l'écran, et Requiem for a Dream de Darren Aronofsky est certainement un de mes films préférés, donc j'avais envie de lire le bouquin pour voir si j'y retrouvais le même souffle. Je n'ai pas été déçu, d'une le film suis scrupuleusement le film, hormis quelques scènes d'occultées, ce qui est compréhensible pour une question de durée. Le tourbillon des destins des 4 personnages s'emballant dans un crescendo final, décrit avec brio par Selby Jr, est très bien mise en valeur par l'utilisation de la musique dans le film qui en devient primordiale.… (plus d'informations)
 
Signalé
jonben | 32 autres critiques | Jul 22, 2008 |

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