Joseph Ponthus (1978–2021)

De ses dures expériences passées dans différentes usines agroalimentaires en Bretagne, Joseph Ponthus a livré un texte âpre et assez haletant, défiant la ponctuation. Un choix stylistique lui permettant de mieux rendre compte des cadences de travail sur les chaînes de production qui ne s’arrêtent jamais. Depuis le tournage des Temps modernes de Charlie Chaplin, les conditions de travail ont peu changé. L’auteur signe un récit implacable du froid, de l’extrême pénibilité des tâches, du management indifférent, de l’épuisement, de l’abrutissement qui en résulte.

Il fait partie de ces quelques personnes lettrées qui savent trouver les mots pour décrire le monde de l’usine, à des années-lumière de ce que toute personne n’en ayant pas fait l’expérience pourrait imaginer. A ce titre, son témoignage mérite d’être lu par le plus grand nombre.

L’horreur décrite dans les unités de découpe et de dépeçage de bovins et des porcs est à la limite du supportable. Et je dois dire que le goût que continue à nourrir l’auteur pour la dévoration de viande m’a gênée. On se prend assez naturellement à souhaiter que le spectacle d’une telle barbarie détourne de la consommation de viande mais peut-être l’auteur a-t-il souhaité au contraire mettre l’accent sur l’incapacité qu’a tout ouvrier et « maillon » de cette chaîne infernale à prendre de la distance ; il est plutôt même clair qu’il faut à tout prix s’empêcher de trop réfléchir pour supporter la grande dureté du quotidien.… (plus d'informations)