Jane Lindskold

Lord Démon est un roman de Roger Zelazny publié à titre posthume et finalisé par sa femme Jane Lindskold, ce qui explique que celle-ci soit créditée comme auteur. Zelazny est bien sûr connu pour saga des Princes d’Ambre mais aussi pour une multitude d’autres romans dont certains lui valurent le prestigieux prix Hugo. On retrouve dans Lord Démon ce qui a définit le style de l’auteur, à savoir l’intrusion de la mythologie dans un univers contemporain.
Lord Démon est l’histoire de Kai Wren, souffleur de verre et démon depuis plusieurs siècles. Il est surnommé « l’exterminateur de dieux » en référence aux guerres qui ont opposé dieux et démons dans un passé lointain. Retiré de sa communauté d’appartenance, il passe son temps reclu dans sa bouteille magique, à fabriquer des objets en verre qu’il enchante grâce à son chi. Un beau jour son serviteur humain est assassiné, ce qui va le pousser à sortir de sa tanière et à affronter le monde extérieur.
Lord Démon remixe, avec une habileté variable, la mythologie chinoise pour nous en proposer une version prémâchée a priori comestible et divertissante. On voit défiler dans le roman des Taoïstes, du feng shui, des dragons et bien d’autres choses pour émerveiller petits et grands. Zelazny est complètement décomplexé dans cette approche et charcute les mythes à sa guise pour en faire un pur roman de fantasy.
L’histoire est centrée sur Lord Démon, et retrace ses pérégrinations et errances au sein de la société des démons et des humains. Car voyez-vous Kai est un peu perdu, et le meurtre de son ami le plonge dans de profondes interrogations sur son moi et son existence. Alors Kai réfléchit, puis enquête, puis se bat, puis réfléchit, puis enquête… C’est un peu la faiblesse du roman : Lord Démon navigue entre le polar, le roman psychologique (si, si) et l’action pure sans vraiment trouver d’identité forte. Parmi les regrets, on citera aussi le scénario, un peu falot pour une histoire qui débutait comme une enquête. Pourtant, pleins de points positifs sont à noter : le style frais et éternellement moderne de Zelazny est bel et bien là, toujours enchanteur, les nostalgiques d’Ambre trouveront sûrement de quoi se satisfaire. Zelazny manipule toujours aussi bien la mythologie, et s’en écarte suffisamment pour créer quelque chose d’original et de personnel.… (plus d'informations)