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Aline Le Guluche

Auteur de J'ai appris à lire à 50 ans

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Œuvres de Aline Le Guluche

J'ai appris à lire à 50 ans (2020) 1 exemplaire

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Aline Le Guluche

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Quant à lire [à mes enfants] des contes le soir, mission impossible.
Mon stratagème : après avoir mis le livre de
Blanche Neige entre leurs mains, je leur raconte l’histoire en imitant la sorcière dans Blanche Neige. Ça les fait bien rire et surtout, c’est comme ça qu’ils vont aimer les livres. Je voudrais qu’ils développent l’amour de la lecture.
(p. 92, Chapitre 6, “Mes enfants à l’école”).


J’ai dans ma classe de maternelle un élève dont la mère est illettrée et le père sait à peine lire. Cet élève ne met aucun sens aux mots qu’il peut voir, on sent bien que l’écriture ou la lecture ne sont rien pour lui, et c’est très déstabilisant. Je cherche toujours une solution, cet élève est le principal sujet de discussion avec mes collègues, mais je n’ai pas la sensation d’avoir beaucoup progressé avec lui sur le chemin de la culture écrite. Tout cela pour dire que le sujet de l’illettrisme, auquel je suis sensible depuis longtemps, me turlupine particulièrement depuis quelques mois. J’ai donc été très heureuse de recevoir le témoignage d’Aline Le Guluche à la faveur de la dernière opération masse critique.
Le livre raconte sans fioriture la vie d’Aline Le Guluche. En à peine 200 pages, on voit défiler son enfance, son entrée dans l’âge adulte, ses déboires professionnels et sentimentaux, et au milieu de tout cela, deux piliers qui font son invincibilité : son rôle de mère et son courage. Une autre constante sera sa honte. Celle de ne pas savoir lire, celle de devoir le cacher toujours. A ses collègues bien sûr, mais aussi à ses frères et sœurs, à son mari et à ses enfants. Mais le courage aura raison de la honte et, à force de persévérance, Aline Le Guluche pourra vaincre son illettrisme. Et elle ne gagnera pas que la lecture, elle y gagnera aussi une confiance en elle retrouvée.Elle deviendra consciente de sa propre force, de sa capacité à vivre en autonomie, et c’est donc toute sa vie qui en sera changée.
Ce n’est pas un livre d’analyse, et en cela il ne m’aidera pas quand je retrouverai mon petit élève et sa famille après ces vacances scolaires, c’est un témoignage factuel et c’est ce qu’il faut en attendre. Pour les grandes thèses et les grands remèdes, il faudra aller chercher ailleurs. Si on est déjà sensibilisé à cette question on risque d’apprendre peu, mais on pourra toucher du doigt cette réalité, voir ce qu’est l’illettrisme au quotidien, d’autant qu’Aline Le Guluche a le don de savoir convoquer le souvenir qui a du sens, et les nombreux exemples qu’elle donne de ses petits stratagèmes pour cacher son illettrisme sont toujours frappants. Ils me feront peut-être regarder les petites manies de certains collègues différemment, d’autant que j’ai appris que 7 % de la population française serait illettrée. Un chiffre que je n’arrive pas à concevoir.
J’ai aussi aimé la façon dont, presque sans le dire ou sans complètement le réaliser elle-même, Aline Le Guluche montre cette imbrication entre savoir lire, autonomie, estime de soi, respect de ses droits, légitimité à décider pour soi. Apprendre à lire n’est rien en soi, mais c’est une clef qui ouvrent tellement de portes, des petites et des grandes, des magnifiques et des insignifiantes, mais toutes ouvrent sur des mondes et des possibles jusqu’alors inatteignables.
Ce fut donc une lecture intéressante, une lecture rapide car le livre se lit bien mais qui remue. Je suis juste un peu attristée que la journaliste qui a recueilli les propos d’Aline Le Guluche ait écrit à droite ou à gauche quelques phrases un peu bancales, le livre aurait mérité d’être édité de façon plus rigoureuse, l’autrice le méritait. La préface de Lancôme est aussi un peu déplacée et peut être sautée. Elle m’a fait peur (j’ai craint un livre qui fasse un peu trop de placement de produit), ce n’est heureusement pas le cas.
Je suis donc très heureuse de cette lecture qui risque de m’apporter plus que je ne crois dans mon quotidien. M’ni Raton, du haut de ses douze ans bientôt révolus, a décidé de me le chiper parce qu’elle n’arrive pas à croire que c’est une histoire vraie, et je suis contente qu’elle le lise, tout comme j’espère que ce livre trouvera un large public.
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raton-liseur | Mar 3, 2021 |

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