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Jacques de Lacretelle (1888–1985)

Auteur de Silbermann

32+ oeuvres 170 utilisateurs 3 critiques

A propos de l'auteur

Crédit image: Jacques de Lacrette avant 1934

Å’uvres de Jacques de Lacretelle

Silbermann (1929) 96 exemplaires
Le retour de Silbermann (1930) 16 exemplaires
Paris (1958) 6 exemplaires
Amour nuptial (1929) 4 exemplaires
La Bonifas (1925) 3 exemplaires
Marie Bonifas 2 exemplaires
Talleyrand 2 exemplaires
Lettres espagnoles 2 exemplaires

Oeuvres associées

Madame Bovary (1857) — Introduction, quelques éditions26,183 exemplaires

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Critiques

Je continue sur ma lancée avec la relecture de cette suite de Silbermann, parue un peu moins de dix ans plus tard. Je l’avais lue à l’époque en espérant dissiper le malaise du livre précédent et cela n’avait pas marché. Aujourd’hui, je me rends compte que c’est peut-être le fait de considérer ce livre comme une suite qui est une erreur. Certes, le personnage principal est le même, et le narrateur n’a pas changé lui non plus. Mais le thème n’est plus le même. Il y a toujours beaucoup de référence à la judéité, en tant que culture et un peu en tant que religion, de sionisme aussi, mais la question n’est plus véritablement celle de l’antisémitisme et des brimades dont peut être victime un juif dans le contexte du début du XXème siècle.
Non, ici c’est plus la question de la façon dont une personne peut ou non, sait ou non, utiliser ses talents et ses prédispositions. Silbermann était un adolescent brillant, d’une vaste culture dont il savait user avec intelligence. Mais on le voit devenir au fil des pages un jeune homme qui d’abord gâche son talent dans des entreprises toujours enthousiasmantes ou trop changeantes pour être menées à bien, puis un homme qui échoue dans tout ce qu’il entreprend, et qui finit par s’aigrir et par ne plus entreprendre.
Est-ce la faute de Silbermann, la faute à sa judéité ou la faute à la société, un peu de tout cela semble-t-il, dans des proportions que le lecteur est laissé libre de décider ? Toujours est-il que c’est au naufrage des espoirs d’un homme que ce livre nous fait vivre à grands traits (le livre ne fait qu’une petite centaine de pages).
C’est un livre plein de tristesse et d’amertume, qui avec ses références un peu trop appuyée au « type juif » met encore une fois mal à l’aise. Dans cette veine, il y a mieux, même si aucun titre ne me vient en tête au moment d’écrire ces lignes, des livres qui décrivent la divergence croissante entre les aspirations et les réalités de la vie, qui peignent le lent abandon des rêves et une résignation plus ou moins douloureuse.
Une suite qui n’était donc pas nécessaire à mon avis. Heureusement elle se lit vite et cette lecture m’a permis de clore mon contentieux avec Monsieur de Lacretelle. C’est donc chose faire pour moi, une page que je tourne, et avec un certain soulagement.
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raton-liseur | Nov 17, 2020 |
J'ai étudié ce texte au collège, je ne sais plus en quelle année car j'ai eu le même prof de français trois années de suite. Je n'ai aucun souvenir de l'étude que nous en avions faite, mais je me souviens du malaise que j'avais ressenti à la lecture de ce livre. J'ai rapatrié il y a quelques mois les livres qui me restaient chez mes parents, et depuis je tergiverse sur une possible relecture de ce Silbermann. Depuis ce week-end, c'est chose faite, et j'ai ressenti le même malaise qu'à l'époque. Je suis en fait effarée de me dire que ce livre nous a été proposé par un prof que pourtant j'estime beaucoup.

Silberman, jeune lycéen du début du XXème siècle dans un établissement parisien huppé est un élève brillant et qui aime briller. Il se retrouve très vite aux brimades de plus en plus vachardes de ses camarades du fait de sa judaïté. Le narrateur, qui lui n'est jamais nommé, est un camarade de classe qui prend fait et cause pour Silberman. Vu comme cela, ce livre est une dénonciation de l'antisémitisme qui s'épanouit alors dans la société française, et c'est bien ce qu'il est et ce qui lui a valu le prix fémina l'année de sa publication, en 1922,
Mais il n'y a pas que cela. Silberman, avec sa manie de se mettre en avant, de systématiquement chercher à briller, est finalement assez antipathique. Impossible de s'attacher à lui. Vous me direz, une personne n'a pas besoin d'être sympathique pour mériter que l'on ne fasse pas preuve de racisme à son égard. C'est tout à fait vrai, mais si l'on fait de ces caractéristiques des traits de sa judaïté, que l'on ajoute à cela tous les traits physiques que l'on associe aux juifs, cela en devient malsain. On ne doit pas être antisémite parce que ce n'est pas bien, mais en même temps, les traits physiques et comportementaux prêtés sont loin d'être positifs et justifient presque qu'on les prenne en grippe.
C'est cette ambivalence du propos, que l'on retrouve aussi dans le caractère exalté du narrateur, qui n'est expliqué que par son statut de protestant, nécessairement très sensible aux questions d'honneur et de sacrifice, qui m'a dérangé et me dérange encore.

Avec une grille de lecture moderne, qui ne pouvait être celle des lecteurs de l'époque, j'ai la sensation que ce livre est une belle illustration de la notion de « racisme ordinaire ». Jacques de Lacretelle dénonce l'antisémitisme et il ne fait de manière convaincante, mais dans le même temps, il continue à associer des traits de caractère ou des traits physiques à un groupe donné, les renvoyant à leur appartenance à ce groupe (religieux ou culturel ici) avant de leur reconnaître une personnalité propre. Et c'est cela, je crois, qui définit ce racisme ordinaire qui peut être le fait de personnes se disant et se croyant non racistes. En furetant sur internet, j'ai vu que Jacques de Lacretelle, qu'on ne peut certes pas qualifier d'antisémite, était sensible aux thèses de Gobineau, ce qui me fait penser que mon analyse n'est pas complètement infondée.
Finalement, Silberman est un livre que je ne recommanderais probablement pas (et certainement pas pour être étudié dans les écoles), mais je suis contente d'en avoir fait cette deuxième lecture qui m'a permis, avec mon regard d'adulte, de mieux comprendre ce qui s'y joue et ce qui me dérangeait déjà il y a presque trente ans.
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raton-liseur | 1 autre critique | Nov 13, 2020 |
Il n'est que de voir les chahuts et bousculades à la porte des lycées pour rectifier l'image idyllique que l'on pourrait se faire de ces hauts lieux de l'enseignement où les enfants viennent, en principe, s'abreuver aux sources du savoir dans une atmosphère d'union égalitaire. Chacun y apporte sa tradition de famille refondue dans le creuset de son tempérament, si bien que le lycée reflète la société des adultes et que chaque classe de ce microcostae forme une troupe parfois cruelle avec ses meneurs et ses têtes de 'turc. David Silbermann devient dès la rentrée la tête de Turc de la classe de troisième. Ce jeune juif à l'esprit précoce a commis l'erreur de se singulariser en sautant une année et en prouvant qu'il peut néanmoins se placer parmi les meilleurs. Son succès excite l'antisémitisme d'une poignée de ses condisciples mus par la propagande d'une ligue raciste d'extrême droite, mais son brio intellectuel éblouit son voisin de pupitre qui se déclare pour lui. C'est par cet allié, partial et partagé à cause de ses propres préjugés (il est d'origine protestante), que sera dépeinte la lutte inégale d'un adolescent passionné de culture en butte à une meute déchaînée. Lui-même vivra sa première crise de conscience en découvrant les failles d'un monde qu'on lui avait appris à révérer - mais il retournera pourtant hurler avec les loups.… (plus d'informations)
 
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vdb | 1 autre critique | Jun 7, 2011 |

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