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Sigismund Krzyżanowski (1887–1950)

Auteur de Souvenirs du futur

33+ oeuvres 1,602 utilisateurs 41 critiques 8 Favoris

A propos de l'auteur

Crédit image: Polish-Russian writer Sigizmund Krzhizhanovsky around 1910

Séries

Œuvres de Sigismund Krzyżanowski

Souvenirs du futur (2009) 486 exemplaires
The Letter Killers Club (1993) 363 exemplaires
Autobiography of a Corpse (2013) 346 exemplaires
The Return of Munchausen (2002) 147 exemplaires
7 Stories (2006) 50 exemplaires
Le marque-page (1992) 24 exemplaires
Rue Involontaire (2014) 8 exemplaires
Het rondzwervende 'Vreemde' (2016) 8 exemplaires
La nieve roja y otros relatos (2009) 8 exemplaires
Fantôme (2012) 5 exemplaires

Oeuvres associées

Russian Short Stories from Pushkin to Buida (2005) — Contributeur — 223 exemplaires
The Red Thread: Twenty Years of NYRB Classics: A Selection (2019) — Contributeur — 57 exemplaires
Red Spectres (2012) — Contributeur — 56 exemplaires

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Sigizmund Krzhizhanovsky à Fans of Russian authors (Février 2023)

Critiques

C’est un livre d’une cinquantaine de pages, contenant trois textes : Rue Involontaire, La clepsydre, Le feutre gris et des extraits du carnet de l’écrivain. Le manuscrit de Rue involontaire a une histoire assez extraordinaire vu qu’il a été restitué par le FSB (ex-KGB) en 1995 mais n’est apparu qu’en 2012 sur la fiche de l’inventaire du fonds Krzyzanowski, aux archives littéraires russes. Dans la préface, la traductrice Catherine Perrel explique les raisons possibles de cette disparition de plus de 20 ans. On connaissait l’existence de ce texte car il était mentionné dans une lettre de 1933 mais il n’avait jamais été retrouvé.

La rue involontaire est une rue dans le quartier de l’Arbat (rue commerçante de Moscou) où « quelques coudes zigzaguant avaient « involontairement » formé une petite rue ». Rue Involontaire a apparemment un grand caractère autobiographique car l’auteur vivait dans le quartier et était aussi alcoolique (c’est léger à mon avis comme preuve). Le texte est composé de sept lettres écrit par un homme seul et alcoolique (donc), qui timbre ses lettres (reste des jours où on payait la vodka en timbre et non en argent) et les envoie par sa fenêtre de toi. Il ne choisit que des destinataires dont il ne connaît pas le nom : l’homme sur les timbres, le facteur, le monsieur qui a sa lumière allumée même tard le soir, le monsieur qui a le plus grand nombre de sonnerie (dans les appartements communautaires, il y avait soit plusieurs sonneries pour une même porte, soit une sonnerie avec un code en morse pour savoir à qui la visite est destinée : le destinataire de la lettre a quand même six longs coups de sonneries). Dans ses lettres, l’auteur accompagné de son « coauteur, la vodka » exprime sa solitude et parle du fait que l’alcool l’aide non pas à oublier mais à supplier. Comme c’est Krzyzanowski, c’est drôle, bien tourné et plein d’esprit. On ne peut que féliciter la traductrice que de savoir retranscrire cela. La lettre à « l’homme du timbre » débute par les mots suivants :

Je vous vois dans votre petite fenêtre de papier verte. Vos épaules dépassent au-dessus du rebord strié et votre tête redressée est couverte d’un calot de toile. Et voilà que je vous colle vous-même sur la lettre que je vous adresse. Moi qui suis incapable d’adhérer à quoi que ce soit. Ça ne colle jamais. Car je ne suis pas un type collant.

Personnellement, j’admire ce style où on peut changer complètement d’idée en 5 lignes, de parler de soi sans en avoir l’air, de jouer sur les mots. C’est juste magnifique et tout le texte est comme cela. Je vous le conseille vivement.

La clepsydre parle aussi d’alcool puisque le texte parle en trois pages exactement d’un homme qui pour mettre à profit son talent pour la boisson décide de devenir une horloge par rapport à son état au fur et à mesure de ses beuveries et ainsi de se faire employer dans un bureau. Il s’entraîne ainsi à boire à partir de l’heure de prise de service et à rouler par terre quand il est l’heure de la fin du travail. Cela marche très bien car les horloges avec une précision à la minute coûte très chère. Cette nouvelle est un chef d’œuvre de concision, d’humour noir et la chute est brillante.

Le feutre gris parle d’un chapeau qui passe de tête en tête et qui provoque, la plupart du temps, le suicide de son propriétaire car il contient le syllogisme « À quoi bon ? » (j’avoue que je n’ai pas compris en quoi c’était un syllogisme, si quelqu’un de moins bêtes pouvaient m’expliquer) provoquant soit des questionnements sans fin, soit une absence de réaction chez l’humain à cause de têtes vides (pas un pensée, rien pour résister à « À quoi bon ? »). Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce texte, c’est justement les commentaires du narrateur sur ses têtes vides :

Plus mort que vif, évoquant un village qui vient d’être dévasté par la peste, le cerveau du vieil homme n’était peuplé que de rares pensées-invalides et pensées-retraitées. Elles recevaient leur maigre pension en approbations, accolades amicales, « ça, c’est sûr, mon vieux », « vas-y, raconte encore », mais se déplaçaient en s’appuyant sur des béquilles logiques, clopin-clopant. Quand Àquoibon fit irruption, les invalides neuronaux allèrent tous se cacher dans leurs trous, et le cerveau fut livré à son plein pouvoir.

La conclusion du texte (« chapitre » 9) fait intervenir l’auteur, plein d’esprit, mais surtout la chute est pleine d’humour. C’est rare de trouver un auteur qui à partir d’une histoire banale peut avoir un tel recul et un tel humour.

Les extraits des carnets de l’écrivain représentent quelques pages, entre les textes, où sont notées quelques pensées (une phrase à quelques phrases) que l’auteur notait donc dans ses carnets. Ma préférée est :

Cette vision du monde ne correspond pas à mes dioptries.
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½
 
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CecileB | Jul 20, 2014 |
Ce livre est un rassemblement de trois textes, de formes très différentes, et qui m’ont plu différemment.

Le premier texte est une série de lettres, écrites par l’auteur à un ami. Elles sont l’occasion pour Krzyzanozski (si je n’arrive pas à faire une faute dans son nom dans la critique, c’est un miracle) de décrire Moscou par le petit bout de la lorgnette ; il prend un détail et nous fait voir Moscou et ce grâce à un regard vraiment unique, une attention à capter les petites choses et à les retranscrire de manière lyrique, poétique. Dans ces lettres, il y a deux personnages : l’auteur et Moscou. C’est la partie du livre qui m’a le plus plu.

Le deuxième texte décrypte le changement entre l’avant et l’après Révolution au travers des enseignes de Moscou. C’est intéressant car là encore Krzyzanowski montre son observation très fine de la ville. Cela m’a fait bien me balader dans la ville de l’époque. J’étais assez contente de lire ce texte même si il me reste plutôt des impressions, des expressions qu’autres choses (je ne sais pas quoi d’ailleurs).

La troisième partie est un rassemblement de chroniques décrivant la vie des Moscovites pendant la première année de la Seconde Guerre Mondiale, en 1941. Prise une par une, ces chroniques sont intéressantes car elles sont décalées par rapport au thème. Prise bout à bout, je me suis ennuyée car je n’arrivais plus à être dans le texte. J’ai trouvé que l’auteur, alors qu’il excelle à nous montrer, à nous décrire des décors, arrivait avec peine à incarner ses personnages. C’est un peu comme si on nous exposait son point faible.

Dans le même genre de lecture, il y a le livre de Roger Caillois paru chez Fata Morgana Petit Guide du XVième arrondissement à l’usage des fantômes, où on retrouve notamment le thème des enseignes et des publicités.
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Signalé
CecileB | Apr 9, 2012 |
J'ai eu envie de découvrir cet auteur après avoir vu que la traductrice, Anne-Marie Tatsis-Botton, du dernier titre de cet auteur paru chez Verdier, Souvenir du futur, avait reçu le prix de la Russophonie 2012.

C'est une bonne découverte même si je n'ai pas eu l'impression d'avoir saisi tout ce que l'auteur a voulu dire.

Ce qui m'a plu, c'est bien sûr le thème des livres. Le maître des rencontres de cette "secte" a une histoire particulière avec le livre (voir l'extrait) et a réussi sa carrière en se rappelant des phrases qu'il avait lu et qu'il a ré-agencé pour faire ses propres livres. À partir du moment où il a eu trop de livre à portée de main, il n'a plus pu écrire. C'est déjà très intéressant puisque cela revient à se poser une question courante : pour écrire, doit-on avoir beaucoup lu ? À mon avis, oui mais ce n'est que mon avis.

Là-dessus arrive les histoires racontées au fil des semaines par les membres de la secte. Chaque histoire est fascinante car elle semble raconter une phase des romans, d'une manière d'écrire les livres. Cela m'a rappelé Trahisons de Charles Palliser. Là ou je n'ai pas compris, c'est que j'ai attendu le lien et quand il est apparu, il m'a semblé ténu. Ce n'est pas que la fin m'a déçu mais elle m'a paru cocasse par rapport à ce que j'attendais.

La très belle surprise est sans aucun doute le style. Dans une phrase, l'auteur arrive à passer deux, trois images. Il y a une concision impressionnante ainsi qu'une écriture qui rend tout sensible.

Ce qui est bien, c'est qu'il paraît que ce n'est pas son meilleur livre.
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CecileB | 12 autres critiques | Mar 11, 2012 |

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