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Jonas Hassen Khemiri

Auteur de One Eye Red

21+ oeuvres 1,078 utilisateurs 42 critiques 2 Favoris

A propos de l'auteur

Crédit image: Edaen / Swedish Wikipedia

Œuvres de Jonas Hassen Khemiri

One Eye Red (2003) 387 exemplaires
Montecore : un tigre unique (2006) 272 exemplaires
Everything I Don't Remember (2015) 227 exemplaires
The Family Clause (2018) 64 exemplaires
Invasion ! (2009) 30 exemplaires
Systrarna (2023) 13 exemplaires
A Cláusula Familiar 3 exemplaires
Soitan veljilleni (2020) 2 exemplaires
Apazáradék : [regény] (2019) 2 exemplaires
L'apathie pour débutants (2017) 2 exemplaires
Presque égal à (2016) 2 exemplaires
Tėvo sutartis: romanas (2020) 1 exemplaire
Viskas, ko neprisimenu: romanas (2019) 1 exemplaire
Oändrat oändlig (2014) 1 exemplaire
Søstrene 1 exemplaire

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Critiques

Jonas Hassen Khemiri est un auteur suédois, dont j’avais lu, il y a quelques années le roman J’appelle mes frères, roman qui m’avait fortement impressionné. Khemiri est aussi auteur de théâtre. On peut découvrir une de ses pièces dans une des vidéos de la librairie Charybde ; je vous encourage à aller écouter, c’est ici. Dans ce roman, Tout ce dont je ne me souviens pas, l’auteur mêle ces deux savoir-faire pour créer un roman à construction remarquable.

Samuel est mort. Le lecteur, au début, ne sait ni pourquoi ni comment. Il va l’apprendre très progressivement, pour « comprendre » entièrement ce qui s’est passé à la fin du livre, même si rapidement on sait que sa mort peut être interprétée comme un accident ou un suicide. Samuel va être décrit par ses proches, ou au moins des connaissances : sa mère, sa grand-mère, son voisin, sa meilleure amie, son colocataire et meilleur ami (en prison au moment où il raconte), sa petite amie.

Le livre est présenté comme les entretiens qu’un écrivain a faits pour préparer un livre. Il a été touché par la mort du jeune homme, même s’il ne l’avait entraperçu que deux fois, sans vraiment lui parler. Samuel, c’était cela, une personne discrète que l’on remarquait malgré tout. On ne comprend le projet de l’écrivain que de manière détournée. Il n’intervient jamais, on n’a jamais accès aux questions qu’il pose. À chaque section, deux personnes parlent de Samuel et des événements précédents sa mort, pas nécessairement de la même chose, mais éclaire la parole de l’autre. Le lecteur arrive ainsi à se faire très progressivement une idée du personnage de Samuel. L’auteur rend son personnage de fiction vivant, dans toute son épaisseur.

La construction est complexe et remarquable : l’auteur ne perd jamais son lecteur grâce à son expérience en tant qu’auteur de théâtre, que ce soit au niveau de la narration, malgré les flash-backs, ou au niveau des personnages. Chaque personne parle très différemment, toujours de manière crédible. Sans avoir d’indications sur le physique ou les sentiments, le lecteur ne se fait pas seulement une idée de Samuel mais aussi une idée du personnage qui parle.

Si vous voulez quand même avoir une idée de l’histoire, je vais essayer de faire un effort (même si je peux vous dire que si cet auteur racontait n’importe quoi, ce serait quand même intéressant). Samuel est mort donc. Il travaillait au bureau de l’immigration, après des études en sciences politiques. C’était un personnage très particulier, obsédé par sa mémoire qu’il jugeait défaillante, solitaire avec de nombreuses relations, toujours à l’écoute des autres et de nouvelles expériences. Un personnage entier, généreux mais difficile à saisir. Alors qu’il habite avec son meilleur ami, il sort avec une avocate qu’il a rencontrée à son travail. Elle et Samuel ne fréquentent clairement pas le même milieu. Samuel change. Il devient difficile à comprendre pour ses amis. C’est cela que raconte ce roman.

Khemiri est définitivement un auteur à découvrir !
… (plus d'informations)
½
 
Signalé
CecileB | 15 autres critiques | Sep 28, 2017 |
Ce roman est initialement une pièce de théâtre et que son auteur a donc « transformé » en roman (d’après ce que j’en comprend). On retrouve de sa « première » forme le mode déclaratoire.

Là aussi, c’est un roman très court (120 pages) mais très fort. Un attentat vient d’avoir lieu à Stockholm ; une voiture vient d’exploser. Un suspect est recherché avec comme description cheveux noirs, énorme sac à dos, foulard palestinien.

Le narrateur, Amor, qui parle et qui est en fait l’homme dont on suit les pensées, qui vont devenir de plus en plus paranoïaques au fil du roman, est un jeune homme, issu de l’immigration, parfaitement intégré, qui a fait de hautes études … Le jeune homme bien sous tout rapport, quoi. Amor est bouleversé tout au long de la journée qui suit cette attentat et c’est cette journée que l’on va suivre.

Au début, il dit :

J’appelle mes frères et je dis : Ne vous faites pas remarquer pendant quelques jours. Éteignez les lumières. Fermez les portes. Orientez les persiennes de manière qu’on ne puisse pas vous voir à l’intérieur mais que vous, vous puissiez voir à l’extérieur. Débranchez la télé. Éteignez votre portable. »

Il ne veut pas sortir de chez lui mais sa cousine Alhem le force car elle a besoin de changer un outil qu’elle a utilisé en Tunisie (je ne suis pas sûre de ce détail) pour construire une maison pour un membre de la famille. Elle en Tunisie a chargé Amor de s’en occuper. Il a repoussé, repoussé … mais elle le force à y aller aujourd’hui même. Il y a va en appelant son ancienne petite amie Valeria (en fait, elle ne l’a jamais été ; il l’a plutôt harcelé alors que elle voulait juste rester son amie). Pendant cette errance, on le sent transpiré à grosses gouttes venant de son anxiété. Le texte continue un peu comme cela avec différents personnages.

Ce qui est intéressant dans ce texte, c’est vraiment la manière de raconter l’histoire : style déclamatoire (on voit l’acteur joué), phrases leitmotiv (J’appelle mes frères et je dis), style rapide avec des phrases courtes et marquantes, paragraphes courts avec quelques pages « entières ». Vous ne pouvez pas ne pas ressentir l’anxiété, la peur mais surtout les sentiments d’Amor : vous êtes à l’intérieur de sa tête.

Je trouve que ce texte fait ce que la littérature fait de plus beaux : nous mettre à la place de quelqu’un, ici ce n’est pas une place agréable, nous faire ressentir ce que peut penser l’autre. Ce texte parle 10 fois mieux qu’un reportage de 3 minutes de la « stigmatisation » que peuvent ressentir les jeunes (et moins jeunes) issus de l’immigration. Ce ne sera plus un vain mot pour un lecteur de ce livre.

Je vous cite le bas de la quatrième de couverture (qui pour une fois n’est pas mensongère) :

Un monologue intérieur saisissant qui soulève avec beaucoup de subtilité les questions liées aux sentiments d’exclusion et d’appartenance, servi par une voix singulière de la littérature suédoise contemporaine.
… (plus d'informations)
 
Signalé
CecileB | Jul 25, 2014 |

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