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Arthur de Gobineau (1816–1882)

Auteur de Essai sur l'inégalité des races humaines

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A propos de l'auteur

Séries

Œuvres de Arthur de Gobineau

Nouvelles asiatiques (1876) 42 exemplaires
Pléiades,les roman (1874) 28 exemplaires
Mademoiselle Irnois (1982) 11 exemplaires
La danseuse de Shamakha (1995) 10 exemplaires
La Guerre des Turcomans (1973) 9 exemplaires
Gobineau. Oeuvres. Tome 1/3 (La Pléiade) (1983) — Auteur — 9 exemplaires
Adélaïde (1985) 9 exemplaires
Gobineau. Oeuvres. Tome 2/3 (La Pléiade) (1983) — Auteur — 8 exemplaires
Le Mouchoir rouge (1986) 8 exemplaires
Trois ans en Asie (1980) 7 exemplaires
Adélaïde, mademoiselle Irnois (1914) 7 exemplaires
La vie de voyage 6 exemplaires
Jean de la tour miracle (1977) 6 exemplaires
Gobineau. Oeuvres. Tome 3/3 (La Pléiade) (1987) — Auteur — 5 exemplaires
Le chasseur de caribou (2011) 4 exemplaires
Akrivia Frangopulo (1994) 3 exemplaires
El Renacimiento 3 exemplaires
Souvenirs de voyage (1948) 2 exemplaires
Les Amants de Kandahar (2005) 2 exemplaires
L'illustre musicien 1 exemplaire
Typhaines Abbey (2020) 1 exemplaire
Œuvres III 1 exemplaire
Lettres à la princesse Toquée (1988) 1 exemplaire
Œuvres 1 exemplaire
Œuvres I 1 exemplaire
Novelle (1959) 1 exemplaire
Les Grecs A Toutes Les Epoques (1999) 1 exemplaire
Novelas asiáticas 1 exemplaire
Die Welt der Perser 1 exemplaire

Oeuvres associées

Great Nineteenth-Century French Short Stories (1960) — Contributeur — 32 exemplaires
The European Revolution & Correspondence with Gobineau (1959) — Contributeur — 25 exemplaires
The Penguin Book of French Short Stories (1968) — Contributeur, quelques éditions18 exemplaires
Gobineau — Contributeur — 2 exemplaires
The Vitalism of Count de Gobineau (1932) — Contributeur — 2 exemplaires

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Critiques

> LES RELIGIONS ET LES PHILOSOPHIES DANS L’ASIE CENTRALE (1 vol. de la « Bibliothèque des Lettrés ».) — Année 1929
C’est une excellente idée que d’avoir réédité un des plus intéressants ouvrages du comte de Gobineau, écrivain qui est jusqu’ici demeuré trop peu connu en France ; on en parle beaucoup, certes, depuis quelque temps du moins, mais le plus souvent sans l’avoir lu. Il en est tout autrement en Allemagne, où sont exploitées, pour des fins politiques, ses théories sur les races, théories qui peuvent contenir une part de vérité, mais mélangée à beaucoup de fantaisie. L’idée d’un « indo-germanisme » ne résiste pas à l’examen, car, entre l’Inde et l’Allemagne, il n’y a absolument rien de commun, pas plus intellectuellement qu’à tout autre point de vue. Cependant, les idées du comte de Gobineau, même quand elles sont fausses ou chimériques, ne sont jamais indifférentes ; elles peuvent toujours donner matière à réflexion, et c’est déjà beaucoup, alors que de la lecture de tant d’autres auteurs on ne retire qu’une impression de vide.
Ici, d’ailleurs, ce n’est pas tant de théories qu’il s’agit que d’un exposé de faits que l’auteur a pu connaître assez directement pendant les séjours qu’il fit en Perse. Le titre pourrait induire en erreur sur le contenu de l’ouvrage : il n’y est nullement question des régions assez variées que l’on réunit habituellement sous le nom d’Asie centrale, mais uniquement de la Perse ; et les « religions et philosophies », dont il est traité se réduisent en somme aux formes plus ou moins spéciales prises par l’Islam dans ce pays. La partie principale et centrale du livre est constituée par l’histoire de cette hérésie musulmane que fut le Bâbisme ; et il est bon de lire cette histoire pour voir combien ce Bâbisme ressemblait peu à sa prétendue continuation, nous voulons dire à l’« adaptation », sentimentale et humanitaire qu’on en a faite, sous le nom de Béhaïsme, à l’usage des Occidentaux, et particulièrement des Anglo-Saxons. Cette partie est encadrée entre deux autres, dont la première renferme des considérations générales sur l’Islam persan, tandis que la dernière est consacrée au théâtre en Perse ; l’intérêt de celle-ci réside surtout en ce qu’elle montre nettement que, là comme dans la Grèce antique et comme au moyen âge européen, les origines du théâtre sont essentiellement religieuses. Nous pensons même que cette constatation pourrait être encore généralisée, et il y aurait sans doute beaucoup à dire là-dessus ; la création d’un théâtre « profane » apparaît en quelque sorte comme une déviation ou une dégénérescence ; et n’y aurait-il pas quelque chose d’analogue pour tous les arts ?
Quant aux considérations générales du début, elles demanderaient à être discutées beaucoup plus longuement que nous ne pouvons songer à le faire ici ; nous devons nous borner à signaler quelques-uns des points les plus importants. Une vue des plus contestables est celle qui consiste à expliquer les particularités de l’Islam en Perse par une sorte de survivance du Mazdéisme ; nous ne voyons, pour notre part, aucune trace un peu précise d’une telle influence, qui demeure purement hypothétique et même assez peu vraisemblable. Ces particularités s’expliquent suffisamment par les différences ethniques et mentales qui existent entre les Persans et les Arabes, comme celles qu’on peut remarquer dans l’Afrique du Nord s’expliquent par les caractères propres aux races berbères ; l’Islam, beaucoup plus « universaliste » qu’on ne le croit communément, porte en lui-même la possibilité de telles adaptations, sans qu’il y ait lieu de faire appel à des infiltrations étrangères. Du reste, la division des Musulmans en Sunnites et Shiites est fort loin d’avoir la rigueur que lui attribuent les conceptions simplistes qui ont cours en Occident ; le Shiisme a bien des degrés, et il est si loin d’être exclusivement propre à la Perse qu’on pourrait dire que, en un certain sens, tous les Musulmans sont plus ou moins shiites ; mais ceci nous entraînerait à de trop longs développements. Pour ce qui est du Soufisme, c’est-à-dire de l’ésotérisme musulman, il existe tout aussi bien chez les Arabes que chez les Persans, et, en dépit de toutes les assertions des « critiques » européens, il se rattache aux origines mêmes de l’Islam : il est dit, en effet, que le Prophète enseigna la « science secrète » à Abou-Bekr et à Ali, et c’est de ceux-ci que procèdent les différentes écoles. D’une façon générale, les écoles arabes se recommandent surtout d’Abou-Bekr, et les écoles persanes d’Ali ; et la principale différence est que, dans celles-ci, l’ésotérisme revêt une forme plus « mystique », au sens que ce mot a pris en Occident, tandis que, dans les premières, il demeure plus purement intellectuel et métaphysique ; ici encore, les tendances de chacune des races suffisent à rendre compte d’une telle différence, qui, d’ailleurs, est beaucoup plus dans la forme que dans le fond même de l’enseignement, du moins tant que celui-ci demeure conforme à l’orthodoxie traditionnelle.
Maintenant, on peut se demander jusqu’à quel point le comte de Gobineau était parvenu à pénétrer l’esprit oriental ; il fut certainement ce qu’on peut appeler un bon observateur, mais nous ne croyons pas être injuste à son égard en disant qu’il resta toujours un observateur « du dehors ». Ainsi, il a remarqué que les Orientaux passent facilement d’une forme doctrinale à une autre, adoptant celle-ci ou celle-là suivant les circonstances ; mais il n’a vu là que l’effet d’une aptitude à la « dissimulation ». Que, dans certains cas, la prudence impose effectivement une sorte de dissimulation, ou ce qui peut passer pour tel, cela n’est pas niable, et l’on pourrait en trouver bien des exemples ailleurs même qu’en Orient ; le langage de Dante et d’autres écrivains du moyen âge en fournirait en abondance ; mais il y a aussi, aux faits de ce genre, une tout autre raison, d’un ordre beaucoup plus profond, et qui semble échapper complètement aux Occidentaux modernes. La vérité est que ce détachement des formes extérieures implique toujours, au moins à quelque degré, la conscience de l’unité essentielle qui se dissimule sous la diversité de ces formes ; c’est là bien autre chose qu’une hypocrisie qui, dans ces conditions, ne peut plus exister, même où l’observateur superficiel en découvre l’apparence, puisque passer d’une forme à une autre n’a alors guère plus d’importance que de changer de vêtement selon les temps ou les lieux, ou de parler des langues différentes selon les interlocuteurs auxquels on a affaire. Cela, le comte de Gobineau ne l’a certes pas compris, et on ne saurait d’ailleurs lui en faire grief ; mais un livre qui soulève de telles questions, même à l’insu de son auteur, ne peut pas être un livre indifférent, et c’est la justification de ce que nous disions au début, qu’on peut toujours y trouver à réfléchir, ce qui est, somme toute, le plus grand profit qu’une lecture puisse et doive nous procurer.
____________________
Comptes rendus de livres sur l’Hindouisme, parus de 1929 à 1950 dans “Le Voile d’Isis”, devenu "Études Traditionnelles" en 1937. In: René Guénon, Études sur l’hindouisme. (1967) [1989]. … ; (en ligne),
URL : http://classiques.uqac.ca/classiques/guenon_rene/Etudes_sur_hindouisme/Etudes_su...
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Signalé
Joop-le-philosophe | Jan 30, 2024 |
Je n’imagine que ce que je vois : cette solitude morale, absolue, sans contraste, qui s’épaissit autour de nous… Peur ? Je n’ai pas peur ; ou, du moins, je n’ai pas précisément peur… mais, au premier abord, je ne voyais, je ne comprenais que la superficie des choses et l’apercevant comme elle est, bariolée et mouvante, je m’en amusais et ne supposais pas le dessous. Mais, maintenant, prends-tu garde toi-même que nous sommes entourés par l’inconnu, par l’étrangeté incommensurable, sans bornes ? Que tout ce que nous approchons, nous regarde comme nous le regardons nous-mêmes, et cela sans nous comprendre, comme aussi nous ne comprenons pas ? (…) Tiens ! (…) ce Kerbelay-Houssein, lui-même, dont nous célébrons l’honnêteté et la droiture, depuis que nous le connaissons, savons-nous bien ce que lui-même appelle droiture et honnêteté ? Qu’y a-t-il de commun entre ces gens-là et nous ? Eh bien ! oui, j’ai peur ! Je voudrais me retrouver dans un autre pays, dans le nôtre, dans celui que nous avons contemplé toute notre vie, qui n’a pas de mystère et d’inconnu pour nous ; pour lequel nous sommes faits, et qui est fait pour les natures que nous avons reçues du ciel ! Je voudrais voir les gens que nous pouvons reconnaître, sur le visage desquels nous sommes accoutumés à lire, et qui comprennent le bien et le mal de la même façon que nous ! Enfin, Valerio, oui, c’est vrai, je me sens perdue ici ; nous sommes tout seuls, et, j’en conviens, j’ai peur ! j’ai peur ! j’ai peur ! Je ne veux pas rester ici ! Allons-nous-en !

Tiré du recueil Nouvelles asiatiques, La Vie de voyage est plutôt un court roman, qui conte les tribulations d’un jeune couple parti à l’aventure sur les routes de Perse suite à un revers de fortune. Sans suivre une trame bien définie, Gobineau utilise ce prétexte pour compter de nombreuses anecdotes et décrire les paysages d’un pays sous le charme duquel il est manifestement tombé, puisqu’il y a lui-même séjourné longtemps. La plus grande partie du récit, même s’il est amené par une introduction un peu longue qui part d’Italie, suit une caravane aux confins de la Turquie, et l’on y apprend ce qui a conduit certains des membres de cette société temporaire à mettre ses pas dans ceux de Kerbelay-Houssein, le maître muletier. Des gens sans racine, des gens poussés par un certain amour du voyage, des gens tenus par des promesses ou des espoirs. Il y a un peu de tout, et Gobineau expose les motifs, les situations, sans prendre partie, comme un auteur jouissant de sa plume et de ses souvenirs, laissant le lecteur libre de faire l’usage qu’il veut de ces tranches de vie.

La fin du récit est quant à elle porteuse d’un message, assez ambivalent lorsque l’on sait que Gobineau a longtemps, en qualité de diplomate, vécut à l’étranger, notamment en Orient, et que, je cite l’article que lui consacre Wikipédia, ma seule source sur le personnage, qu’« il se fait « plus Persan que les Persans ». Sa maîtrise de la langue, sa remarquable adaptation à des conditions de vie très exotiques lui apportent l'estime de la population et des notabilités locales. (…) C'est néanmoins sans regrets que, rappelé, il quitte la cour de Perse en 1858. ». Lucie semble à l’image de l’auteur. D’abord fascinée, s’intégrant presque naturellement dans cette autre culture, elle se rend finalement compte qu’elle ne peut que rester à la surface des choses, qu’elle ne comprend en réalité rien à cette culture qui ne peut que lui échapper quelques soient les efforts et la bonne volonté qu’elle fasse. (Et parce que c’est une femme, cela la mène tout droit vers la crise de nerfs et elle ne peut que se laisser submerger par une angoisse qu’elle ne peut contrôler, mais cette nouvelle n’est pas le lieu d’un débat féministe…).
Je n’ai pas lu le fameux essai problématique de Gobineau, son Essai sur l’inégalité des races humaines qui aurait été une des sources d’inspiration des théories nazies et qui l’a fait tomber en disgrâce littéraire, et je ne suis pas non plus partisane de lire les œuvres à la lumière de la façon dont elles ont été utilisées par les générations passées, mais s’il n’est à aucun moment question de supériorité et d’infériorité des gens, des peuples ou même des cultures dans La Vie de voyage, Gobineau exprime par les mots et les réactions de Lucie la vision selon laquelle les cultures ne sont pas miscibles, qu’elles restent irrémédiablement étrangères l’une à l’autre, et même qu’elles sont en définitive impénétrables, qu’il est impossible d’aller au-delà d’un émerveillement de surface. Bien sûr, il parle alors de pays « pour lequel nous sommes faits, et qui est fait pour les natures que nous avons reçues du ciel », mais je ne suis pas sûre d’y voir du racisme, surtout l’idée que l’on ne connait effectivement que la culture dans laquelle on naît.
Une vision très pessimiste et fataliste, d’autant qu’elle vient d’une personne qui s’est frotté à l’autre, à la culture étrangère et a essayé de les comprendre même si ses thèses scientifiques sont souvent fantaisistes. C’est une vision que l’on retrouve aujourd´hui dans beaucoup de discours sur l’immigration, cette idée que les cultures ne peuvent se mêler, pas même souvent cohabiter, ce qui fait de la dernière partie de cette nouvelle un texte relativement actuel, que l’on soit en accord ou non avec ce point de vue.
Entre globalisation d’une certaine culture et immiscibilité, le débat reste entier et la direction que nous prendrons n’est pas encore définie, mais cette nouvelle m’a fait me poser la question de comment je suis moi-même perméable aux autres cultures, de la mesure dans laquelle je comprends les cultures qui me sont étrangères et que j’approche. Je dois avouer que je ne suis pas de celle qui à Rome fait comme les Romains, pas entièrement en tout cas. J’aime préserver un bout de sol français quand je suis au-delà des frontières et je n’ai pas même fait l’effort d’apprendre les langues de certains des pays que j’ai traversés. Je n’ai pas toujours apprécié leurs cultures non plus, même quand elles m’ont intéressée. Suis-je donc une Lucie qui s’ignore, ou bien simplement une personne jonglant tant bien que mal entre ses racines et son environnement, toujours dans un équilibre précaire, de cet équilibre instable qui fait le sel de la vie de voyage ?
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Signalé
raton-liseur | 1 autre critique | Jul 24, 2013 |

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