Gaël Faye
Auteur de Petit pays
A propos de l'auteur
Crédit image: Gaël Faye, 2013
Œuvres de Gaël Faye
Lundi Mechant 1 exemplaire
Étiqueté
Partage des connaissances
- Date de naissance
- 1982-08-06
- Sexe
- male
- Nationalité
- France
- Lieu de naissance
- Bujumbura, Burundi
- Lieux de résidence
- London, UK
Yvelines, France
Kigali, Rwanda - Professions
- Writer
Rap artist - Prix et distinctions
- Prix du roman Fnac (2016)
Prix Goncourt des Lycéens (2016)
Membres
Critiques
Listes
Prix et récompenses
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Statistiques
- Œuvres
- 4
- Membres
- 544
- Popularité
- #45,827
- Évaluation
- 4.1
- Critiques
- 31
- ISBN
- 36
- Langues
- 12
- Favoris
- 1
Ce petit pays, c’est le Burundi, que beaucoup de Français ne sauraient pas situer sur une carte, mais au moins il n’a pas la triste réputation de son homologue du nord, le Rwanda, bien qu’il le mériterait peut-être. Et dans ce petit pays, c’est à une histoire en deux temps que Gaël Faye nous convient, une histoire largement inspirée de ses propres souvenirs car il a vécu, enfant, à Bujumbura, avec son père français et sa mère rwandaise. La première partie est celle de l’insouciance, un Bujumbura niché au pied des collines, sur les bords du Tanganyika, un Bujumbura dans lequel le petit Gabriel vit la vie insouciante et privilégiée d’un enfant d’expatrié. J’ai reconnu dans ce Bujumbura ce que j’en ai vu lorsque j’y ai travaillé, à peu près une décennie après le début de cette histoire. L’atmosphère y était alors plus pesante (le génocide de 1993 était passé par là, la guerre civile n’était pas encore terminée), mais les bougainvillées avaient les mêmes couleurs même si elles se prenaient dans les barbelés qui entouraient les maisons et les rives du lac étaient toujours aussi impassibles malgré tout ce dont elles avaient été témoin).
Dans la deuxième partie, c’est la fin de l’enfance, une fin abrupte et tragique : Gabriel voit sa famille se déliter en même temps que le pays dans lequel il vit. Il prend conscience de ses racines, sa mère est rwandaise, une rwandaise tutsi dont la famille a fui les massacres de 1973 et qui voit la menace monter à nouveau pour les siens. Tout à coup, Gabriel est sommé de devenir le Rwandais et le Tutsi qu’il n’a jamais eu conscience d’être. En même temps qu’il voit sa mère sombrer dans l’angoisse, il voit ses copains contaminés par cette folie qui divise un peuple en deux, sommé de prendre parti.
C’est un livre écrit à hauteur d’enfant, puis de l’adulte qu’il est devenu, plein des failles que cette enfance tragique a laissées en lui. C’est un livre extrêmement dur parce qu’il commence dans une certaine légèreté et prend le lecteur presque en traître (et pourtant je savais de quoi ce livre parlait avant de le lire). Un livre qui j’imagine a dû être difficile à écrire, puis dont il a dû être difficile de parler sur les plateaux de radio ou de télé. Mais un livre qui parle de ce dont il est important de parler, encore et encore. De la haine, de la guerre, de l’instrumentalisation des peurs, de la manipulation de l’opinion, de la difficulté à faire nation ou au moins pays.
Aujourd’hui, Gaël Faye vit à Kigali, au Rwanda, ce qui témoigne peut-être du fait qu’il est plus apaisé, que les blessures sont moins vives que ce qu’il dépeint dans Petit Pays. Je le souhaite pour lui, et je crois que je ne peux finir qu’en le remerciant pour ce livre. Un livre qui est beau et bien écrit, intéressant à lire, mais qui a dû être particulièrement difficile à faire exister.… (plus d'informations)