Julien Duvivier (1896–1967)

La belle équipe est composée de cinq chômeurs à Paris, dont un ressortissant espagnol menacé d'expulsion. Un soir, dans l'hôtel minable (pompeusement appelé Le roi d'Angleterre) où ils sont logés sans payer, ils apprennent qu'ils ont gagné une somme assez rondelette au loto. D'abord tentés par différents projets individuels au gré de leurs rêveries de gagnants, ils finissent par accepter la proposition de Jeannot (extraordinaire Jean Gabin !) : retaper ensemble une bâtisse délabrée au bord de l'eau pour en faire une guinguette. Avec entrain et dans une ambiance de franche camaraderie, ils se mettent de concert à l'ouvrage, chacun essayant de mettre au mieux ses talents à profit. Pourtant, la quintet va peu à peu se décimer. L'un d'entre eux, amoureux de la jeune femme que l'Espagnol espère épouser, choisit de s'exiler au Canada, en laissant un mot aux copains. Un autre fait une chute mortelle du toit en s'adressant aux amis venus inaugurer la guinguette. L'Espagnol, quant à lui, est contraint de partir quand on retrouve sa trace. Ne restent plus que Jeannot et Charlot (Charles Vanel) entre lesquels l'atmosphère se gâte sérieusement quand ils s'aperçoivent qu'il sont tous les deux amoureux de la même femme (Gina, l'épouse officielle de Charlot qui a quitté ce dernier).
Sur fond de front populaire, Julien Duvivier a souhaité démontrer les vertus de la solidarité, de l'entraide et de l'amitié. Il s'agit aussi clairement du projet d'une oeuvre vantant les vertus de l'amitié masculine qui se trouve troublée et mise à mal par la présence de femmes.
Très bien filmé, monté et dirigé, au gré de plans fluides et mobiles, La belle équipe est une découverte tout à fait intéressante.
Dommage que la fin, aussi brutale que maladroite (et assez incompréhensible), laisse sur une impression moins favorable.… (plus d'informations)

André, chef d'excellente réputation, tient un restaurant dont les tables sont prisées par nombre de personnalités. Sa vie tranquille est bouleversée par l'irruption d'une jeune femme qui souhaite lui parler. Elle dit être la fille de Gabrielle - l'ex-épouse d'André qui lui en a fait voir de toutes les couleurs et dont il a divorcé 20 ans plus tôt - et lui annonce que cette dernière vient de mourir.
André, homme bourru mais généreux, la prend sous son aile et développe avec la jeune Catherine une relation inattendue, bâtie sur les regrets de l'amour qu'il nourrissait pour la mère de cette dernière, avant de devoir déclarer forfait face à ses tromperies incessantes.
Malgré les mises en garde et la franche hostilité de sa mère (qui semble toujours régir l'existence de son fils quinquagénaire) à l'égard de Catherine, André se fera prendre à nouveau dans les filets d'une femme terriblement duplice.
La qualité des plans, des dialogues, l'excellence de la direction des comédiens (Gabin y est magnifique) font de Voici le temps des assassins un très bon film. L'énergie qui se dégage de nombreuses scènes (dans le restaurant, dans les Halles de Paris reconstituées) et la vivacité des dialogues sont communicatives et confèrent même au film un charme certain, en tout cas jusqu'au moment où l'on sent que l'histoire va nécessairement basculer en raison de l'odieuse machination à l'oeuvre contre le pauvre André.
Encore un fois, on est surpris par la violence physique qui était beaucoup plus présente dans la société d'il y a 50 ans ; on mesure avec soulagement quelques évolutions salutaires dans ce domaine.
Tous les personnages féminins apparaissent sous leur plus mauvais jours : la machiavélique Catherine dont la froideur extrême la pousse jusqu'au meurtre, sa mère Gabrielle, déchue, droguée et pathétique, la mère d'André, autoritaire et peau de vache en diable.
Lorsqu'elle dit à son fils qu'elle ne veut pas le voir malheureux, le docile André lui répond tout de même habilement qu'elle n'aime pas non plus le voir heureux.
Un beau film noir réussi.… (plus d'informations)