Didier Decoin

Je (…) suis fermement décidée à ne pas mourir cette nuit, car ce serait terriblement injuste au regard de tout ce que je veux faire encore, et ce serait terriblement stupide eu égard à la présence, deux étages au-dessus, d’une fille que j’aime, et qui m’aime.
(p. 127, Chapitre 12).

Je tourne autour de ce livre depuis bien longtemps alors j’ai profité d’une rencontre fortuite sur les étagères d’une librairie d’occasion pour enfin sauter le pas. Le sujet m’intéresse : qu’est-ce qui fait que l’on prend ses responsabilités ou pas, que l’on réagit de façon adéquate ou non dans une situation extraordinaire (au sens de « sortant de l’ordinaire »). Mais rien de tout cela dans ce livre qui est une patiente reconstitution des faits, sans qu’à aucun moment l’auteur ne cherche à analyser l’indifférence dans laquelle s’est déroulé ce meurtre. Trois-huit personnes, ce n’est pas rien. Et pourtant, aucun n’a fait mine de bouger, du moins pas avant que ce ne soit trop tard. Ce fait divers avait ému l’Amérique, il a même inspiré des recherches en psychologie qui ont abouti à la définition de l’effet du témoin, ou effet spectateur.
Je suis donc déçue par ma lecture. J’ai eu le droit à une minutieuse reconstruction des différents coups de couteau, et aussi à la tentative d’évasion sordide du coupable alors que je ne goûte guère ce genre de littérature, mais rien sur les témoins et ce qui a pu motiver leur inaction. En refermant ce livre, je me dis que le sujet en est principalement la description d’un meurtrier (pas tout à fait aboutie, certes) à travers son meurtre le plus célèbre, et non une réflexion sur le manque de compassion ou de courage, ou bien les deux, dont nous sommes tous capables. Je suis donc passée à côté de ce livre, heureusement assez court pour être lu en quelques jours à peine, qui s’adresse aux lecteurs qui aiment les histoires violentes et glauques, mais là je ne peux me prononcer sur la réussite de l’écrivain. Une tentative qui, pour moi, aura échoué.

Post-scriptum : Je n’ai pas relevé dans cette note de lecture le fait que les événements tels que relatés dans l’article du New York Times et qui ont provoqué un tollé suite à cette affaire ont depuis été remis partiellement en cause. Je ne sais si au moment d’écrire son livre, Monsieur Decoin avait connaissance de ces remises en cause, mais au fond, le point important n’est pas là car, quelque soit le nombre de témoins, la non-action est toujours là, qu’elle soit le fait d’une incompréhension du drame qui se jouait alors ou une totale indifférence aux difficultés d’autrui. Et la question demeure, qu’aurais-je fait, moi ?… (plus d'informations)

Katsuro est pêcheur de carpes dans un petit village japonais de l'été Heian, XIIe siècle. Quand il meurt noyé, sa jeune épouse Miyuki reprend sa tâche de livrer les poissons destinés aux étangs sacrés de la cité impériale. Un roman qui reconstitue avec minutie une époque, une civilisation et une culture, qui déploie sensualité, odeurs et couleurs, et suggère un monde à la fois terrien et subtilement codifié où l'évanescence est élevée au rang d'art. Le "monde flottant" des estampes ukiyo-e.… (plus d'informations)