Catherine Clément
Auteur de Le voyage de Théo
A propos de l'auteur
Catherine Clement was professor of philosophy at the University of Paris.
Crédit image: Esby
Œuvres de Catherine Clément
Pour une critique marxiste de la théorie psychanalytique 2 exemplaires
Miroirs du sujet (10-18) 2 exemplaires
Miroirs du sujet 1 exemplaire
Χιουρρέμ 1 exemplaire
Para uma cr©Ưtica marxista da teoria psicanal©Ưtica 1 exemplaire
Theo utazása 1 exemplaire
A viagem deThéo 1 exemplaire
Ζακ Λακάν : βίος και πολιτεία 1 exemplaire
HURREM SULTAN 1 exemplaire
L'Arc - n° 58 - Lacan 1 exemplaire
Anthropologie l' : science des sociétés primitives ? 1 exemplaire
Georg Groddeck 1 exemplaire
Simone de Beauvoir et la lutte des femmes (L'Arc) 1 exemplaire
L'Arc, n° 81 : Verdi 1 exemplaire
Die Senyora 1 exemplaire
Roland Barthes 1 exemplaire
Oeuvres associées
Étiqueté
Partage des connaissances
- Nom canonique
- Clément, Catherine
- Nom légal
- Clément, Catherine
- Date de naissance
- 1939-02-10
- Sexe
- female
- Nationalité
- France
- Lieu de naissance
- Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine, Île-de-France, France
- Lieux de résidence
- Paris, France
Inde (1987-1991)
Austriche (1991-1996)
Sénégal (1996-1999) - Études
- Ecole normale supérieure de jeunes filles (ENSJF) (1959)
Agrégation de philosophie (1952)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Professions
- Philosophe
Ecrivain
Critique littéraire
Professeur (Philosophie, 1964-1976)
Productrice d'émission radio - Relations
- Clément, Jérome (Frère)
Lewin, André (Epoux)
Lévi-Strauss, Claude (Professeur)
Lacan, Jacques (Professeur)
Jankélévitch, Vladimir (Professeur) - Organisations
- Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
Le Matin de Paris (Journal)
Ministère des Relations extérieures (Collaboratrice, Association Française d'Action Artistique)
Université populaire du quai Branly, Paris, France (2002)
France Culture (Radio) - Prix et distinctions
- Chevalier de la Légion d'honneur
Commandeur de la Légion d'honneur
Grand officier de l'ordre national du Mérite - Courte biographie
- Catherine Clément née en 1939 dans une famille mixte catholique et juive.
Elle est diplômée en philosophie de l'École Normale Supérieure de Paris avant de devenir l'assistante durant deux ans de Vladimir Jankélévitch. Lors des étues qu'elles continue, ses professeurs comprenaient Claude Lévi-Strauss et Jacques Lacan.
Après avoir enseigné pendant 12 ans, elle prend sa retraite du monde universitaire pour écrire à temps plein.
Elle a produit des articles de fond sur la vie culturelle pour le journal le Matin de Paris.
En 1969, elle a été nommée directrice du conseil des arts du ministère de la Culture. Marié au diplomate André Lewin, elle est amené à l'accompagner en Inde pendant quatre ans puis en Autriche et au Sénégal.
Son affection pour l'inde est manifeste ans la trentaine de livres de fiction et documentaires qu'elle a écrit sur le sujet, notamment Les derniers jours de la déesse (2006), Pour l'amour de l'Inde (1993) et Le Sultan (1981).
Déjà politiquement engagé, elle y entre en 2001, et pour un temps, lors de la campagne présidentielle de Jean-Pierre Chevènement.
Ses activités l'amène par ailleurs à produire des émissions radiophoniques.
Elle est la sœur de Jérôme Clément (Ex-président de la chaîne TV publique culturelle franco-allemande Arte et de la Fondation Alliance français).
Membres
Critiques
Légendes et contes traditionnels de l'Inde par Catherine Clément
> Babelio : https://www.babelio.com/livres/Clement-Legendes-et-contes-traditionnels-de-lInde...
> Clément, Catherine. La Putain du Diable. Paris: Flammarion, 1996. ISBN 9-782080-670755. Pp. 402.130 F.
Se reporter au compte rendu de Liliane LAZAR
In: The French Review, Vol. 70, No. 5 (Apr., 1997), pp. 749-750… ; (en ligne),
URL : https://drive.google.com/file/d/1qcQq8brOKlWKm-ntMBytG37KDi8Zfwvs/view?usp=shari...… (plus d'informations)
Se reporter au compte rendu de Liliane LAZAR
In: The French Review, Vol. 70, No. 5 (Apr., 1997), pp. 749-750… ; (en ligne),
URL : https://drive.google.com/file/d/1qcQq8brOKlWKm-ntMBytG37KDi8Zfwvs/view?usp=shari...… (plus d'informations)
> Clément, Catherine, et Hélène Cixous. La Jeune née. Paris: Collection 10-18,1975. Pp. 296. 12 F.
Se reporter au compte rendu de Georgiana M. M. COLVILE
In: The French Review, Vol. 50, No. 4 (Mar., 1977), pp. 666-667… ; (en ligne),
URL : https://drive.google.com/file/d/1raC-pXhfW3-DDMo690I3GGL3gc7x-sbt/view?usp=shari...… (plus d'informations)
Se reporter au compte rendu de Georgiana M. M. COLVILE
In: The French Review, Vol. 50, No. 4 (Mar., 1977), pp. 666-667… ; (en ligne),
URL : https://drive.google.com/file/d/1raC-pXhfW3-DDMo690I3GGL3gc7x-sbt/view?usp=shari...… (plus d'informations)
> Babelio : https://www.babelio.com/livres/Clement-La-folle-et-le-saint/188724
> Petite livre essentiel : “Adam affronte la voix, il reconnaît l'enlisement, il avoue 'Je me suis caché', et c'est là que commence le chemin de l'homme. Le retour décisif sur soi-même est le commencement du chemin dans la vie de l'homme." (AS)
—Nouvelles Clés
> Sarallier Albert. Catherine Clément / Sudhir Kakar. — LA FOLLE ET LE SAINT, éd. du Seuil. — En 1980, une pauvre vagabonde appelée Madeleine est étudiée pour ses délires mystiques par le professeur Pierre Janet à Paris. En Inde, Râmakrishna, autre fou de Dieu, devient alors un grand saint. L'une est classée folle, l'autre mystique universellement reconnu. Et c’est le grand mérite de Catherine Clément et de Sudhir Kakar, psychanaliste indien, que de nous faire partager, de l'intérieur, leur vision de ces deux cas fort cousins. Passionnant rapprochement entre deux cultures, deux visions. (AS)
—Nouvelles Clés, (30), Eté 1993, (p. 83)
> LA FOLLE ET LE SAINT », de Catherine Clément / Sudhir Kakar. — Catherine Clément et Sudhir Kakar se sont associés pour écrire cette étude qui n’a rien d’académique. Le ton est alerte, descriptif, parfois même impertinent.
Elle - philosophe et écrivain - s’intéresse à la psychanalyse et à l’anthropologie, ce qui ne l’empêche pas d’écrire aussi des romans.
Psychanalyste, formé au Freud Institut de Francfort, Sudhir Kakar exerce à New Delhi. Il est l’auteur de nombreux ouvrages analytiques sur la civilisation indienne.
Ensemble, ils nous présentent une bien curieuse histoire. A la fin du siècle dernier, deux mondes totalement différents vont fournir les héros passionnants de ce récit.
En France, Madeleine, pauvre vagabonde, est soignée pendant 22 ans à l’hôpital psychiatrique de la Salpétrière pour “délire mystique”. Au même moment, en Inde, un pauvre brâhmane au mysticisme éclatant devient le grand saint que nous connaîtrons sous le nom de Ramakrishna.
Les auteurs nous conduisent à la rencontre de ces deux personnages étonnants de similitudes alors qu’apparemment tout les sépare puisqu’ils sont issus de traditions culturelles complètement différentes, pour ne pas dire opposées.
La dévotion extatique de l’Inde fait de Râmakrishna un saint, le positivisme médical français du XIXe siècle fait de Madeleine une folle. Ce livre montre combien la frontière est poreuse entre le délire mystique et le mysticisme religieux.
Un troisième personnage attachant apparaît tout au long de l’ouvrage : Pierre Janet, célèbre psychiatre français, qui enseigna la philosophie avant de travailler aux côtés du non moins célèbre professeur Charcot à la Salpétrière.
Auteur de nombreux ouvrages où la psychiatrie croise la philosophie, le Dr Janet s’intéresse particulièrement à Madeleine et note minutieusement le contenu de leurs entretiens. Hautement laïque mais respectueux aussi des croyances et des sentiments religieux de ses patients, il s’engage pour des années et avec une curiosité passionnée dans l’étude du “cas Madeleine”.
Pendant ce temps, au Bengale, Râmakrishna développe sa vision du Divin au vu et au su de tous. De la régression à la sexualité liée à la contemplation, comme Madeleine la Française, il connaît des expériences mystiques surprenantes.
Tout en conversant, les auteurs de ce rapport partagent leurs points de vue autant que leurs questionnements ; ils montrent les ressemblances comme les différences.
Ecrit en partie par un psychanalyste indien, on ne s’étonnera pas de trouver dans ce livre une foule de renseignements sur la psychiatrie et la psychanalyse, associée à une étude comparative simple sur deux manières d’apporter la guérison aux maladies de l’âme. D’un côté le guru porteur d’une tradition millénaire, de l’autre le psychanalyste représentant d’une science née à la fin du XIXe siècle.
L’ouvrage se termine par un chapitre intitulé “Psychanalyse et religion : une réévaluation, ou le chant des pommes de terre”.
Freud, profondément hostile au phénomène religieux considérait la foi comme une régression mentale et la religion comme un moyen de se défendre contre l’angoisse et le désespoir, nous explique Sudhir Kakar. Compte tenu de son autorité, le père de la psychanalyse devait influencer d’une manière décisive l’approche psychanalytique de la religion. Pourtant, on verra que d’autres célébrités dans ce domaine développèrent des idées plus nuancées, voire opposées, comme Bion qui prétendra que les buts de la psychanalyse sont franchement mystiques. Finalement, l’auteur laisse entendre sa position par rapport au sujet.
Pour celui qui s’intéresse à la culture indienne, au mysticisme et un tant soi peu à la psychologie, ce livre se lit comme un roman, l’intérêt ne faiblit jamais grâce au talent des auteurs qui ont su alterner la réalité des faits et les données théoriques avec une grande habileté. Ed. Seuil, Champ Freudien, 1993 - 290 pages, format 14 x 20 cm. Simone MOORS
—Revue Viniyoga, Mars 1994
> Catherine Clément / Sudhir Kakar, LE MONDE DES LIVRES (I N D E - Deux jumeaux spirituels, 1993). Catherine Clément et Sudhir Kakar retracent les destins parallèles de Madeleine, la folle, et de Râmakrishna, le mystique bengali
Id., LA FOLLE ET LE SAINT, (SEUIL coll. « Le champ freudien ».)
En 1886, après des années d’errance et de marginalité, une pauvre délirante, connue seulement sous le pseudonyme de Madeleine, est admise à la Salpêtrière, dans le service du professeur Pierre Janet. En Inde, dix ans plus tard s’éteignait le grand mystique bengali Ramakrishna, entouré par ses disciples et vénéré de tout un peuple. Deux événements en principe sans rapport l’un avec l’autre. Voici pourtant qu’un livre rapproche ces deux figures et les éclaire l’une par l’autre en un fascinant jeu de miroirs. Cette improbable rencontre, nous la devons à une autre rencontre, celle de Catherine Clément, philosophe et romancière, et de Sudhir Kakar, un Indien de Delhi qui fut en son temps l’unique psychanalyste en activité dans cette ville (1).
La thèse générale est simple : Madeleine et Râmakrishna sont comme des jumeaux spirituels, nés dans des environnements totalement différents et voués par là même à des destins sans commune mesure. L’un et l’autre possèdent un tempérament hypersensible, aux franges de l’hystérie et qui s’est révélé dès la petite enfance. L’un et l’autre ont d’emblée refusé toutes les modalités classiques d’intégration sociale, comme la profession ou la fondation d’une famille. L’un et l’autre sont passés par des formes extrêmes de souffrance psychique qui les ont menés au bord du désespoir. L’un et l’autre enfin ont connu, toute ou partie de leur vie, des extases nombreuses et d’une durée quasi incroyable.
Vus de l’extérieur, au plus fort de leur extase, ils se ressemblent : « Ils éprouvent les mêmes contractures, la même catatonie, les mêmes arrêts de la respiration, les mêmes faims dévorantes, ils ont le même regard fixe, le même énorme sourire sur les lèvres, la même immobilité… » L’immense différence qui les sépare est uniquement d’ordre socio-religieux.
Répression feutrée
Sudhir Kakar rappelle que si Râmakrishna a pu s’épanouir comme mystique, après être passé par toutes sortes d’expériences déviantes et connu des phases de chaos mental proches de la folie, c’est que l’Inde, de son temps encore, prévoyait et même codifiait la possibilité, pour certains êtres exceptionnels, de rompre avec le « village », c’est-à-dire le monde clos des rites, des hiérarchies et des conventions sociales, pour s’en aller vers la « forêt », en quête d’une formule de salut irréductible aux formes « séculières » de la religion de caste. Et toute la force du texte de Catherine Clément consiste à montrer comment, dans la France laïque de la IIIe République, toute personne porteuse de semblables aspirations était inévitablement « piégée », condamnée à la marginalité, à la prison (ce fut aussi le cas de Madeleine) et finalement à l’hôpital psychiatrique.
Pourtant, Madeleine la stigmatisée, qui passe régulièrement par toutes les phases classiques du « désert » , de la « nuit obscure » et du ravissement extatique, est bel et bien une mystique à part entière, l’égale à maints égards d’une Catherine de Gênes ou d’une Thérèse d’Avila. Seulement, la répression feutrée à laquelle elle est en butte décapite sans cesse ses élans mystiques et les fait dévier vers diverses formes de délire. Elle finira, après des années, par sortir de l’hôpital plus ou moins éteinte et « normalisée »…
Saisissante illustration de l’impact de l’époque et du milieu social sur le cours d’une vie. Un ouvrage passionnant donc, mais qui n’en laisse pas moins certaines questions pendantes. Ainsi, il est sans doute exagéré de dire que le personnage de la sainte était, dans la France de 1900, devenu aussi impossible que celui de la sorcière. Le problème est plutôt ici celui du monopole de fait exercé dans ce domaine par des structures monastiques rigides : après tout, sainte Thérèse de Lisieux fut aussi la contemporaine de Madeleine !
Par ailleurs, si les auteurs reconstituent bien la psychologie, et même la psychogenèse du mystique, décrivant avec une grande finesse son moi « fluide » et « perméable », ils n’abordent pas l’arrière-plan philosophique qui seul permettrait de rendre compte de la possibilité même du phénomène mystique, avant sa prise en charge par les religions institutionnalisées. On trouvera cependant chez Kakar quelques lignes de réflexion susceptibles, une fois prolongées, de mener à ces problèmes. C’est le cas notamment du dernier chapitre, très neuf de ton, qu’il consacre au personnage traditionnel du gourou indien. Il y prend ses distances vis-à-vis des interprétations « régressives» du phénomène mystique qui ont longtemps régné dans le champ freudien. (Michel HULIN)
(1) S. Kakar est connu du public français par son livre Moksha, le monde intérieur, enfance et société en Inde, Les Belles Lettres, 1985… ; (en ligne),
URL : http://cidif2.go1.cc/index.php/lettres-du-c-i-d-i-f/20-lettre-n-8/1561-la-folle-...… (plus d'informations)
> Petite livre essentiel : “Adam affronte la voix, il reconnaît l'enlisement, il avoue 'Je me suis caché', et c'est là que commence le chemin de l'homme. Le retour décisif sur soi-même est le commencement du chemin dans la vie de l'homme." (AS)
—Nouvelles Clés
> Sarallier Albert. Catherine Clément / Sudhir Kakar. — LA FOLLE ET LE SAINT, éd. du Seuil. — En 1980, une pauvre vagabonde appelée Madeleine est étudiée pour ses délires mystiques par le professeur Pierre Janet à Paris. En Inde, Râmakrishna, autre fou de Dieu, devient alors un grand saint. L'une est classée folle, l'autre mystique universellement reconnu. Et c’est le grand mérite de Catherine Clément et de Sudhir Kakar, psychanaliste indien, que de nous faire partager, de l'intérieur, leur vision de ces deux cas fort cousins. Passionnant rapprochement entre deux cultures, deux visions. (AS)
—Nouvelles Clés, (30), Eté 1993, (p. 83)
> LA FOLLE ET LE SAINT », de Catherine Clément / Sudhir Kakar. — Catherine Clément et Sudhir Kakar se sont associés pour écrire cette étude qui n’a rien d’académique. Le ton est alerte, descriptif, parfois même impertinent.
Elle - philosophe et écrivain - s’intéresse à la psychanalyse et à l’anthropologie, ce qui ne l’empêche pas d’écrire aussi des romans.
Psychanalyste, formé au Freud Institut de Francfort, Sudhir Kakar exerce à New Delhi. Il est l’auteur de nombreux ouvrages analytiques sur la civilisation indienne.
Ensemble, ils nous présentent une bien curieuse histoire. A la fin du siècle dernier, deux mondes totalement différents vont fournir les héros passionnants de ce récit.
En France, Madeleine, pauvre vagabonde, est soignée pendant 22 ans à l’hôpital psychiatrique de la Salpétrière pour “délire mystique”. Au même moment, en Inde, un pauvre brâhmane au mysticisme éclatant devient le grand saint que nous connaîtrons sous le nom de Ramakrishna.
Les auteurs nous conduisent à la rencontre de ces deux personnages étonnants de similitudes alors qu’apparemment tout les sépare puisqu’ils sont issus de traditions culturelles complètement différentes, pour ne pas dire opposées.
La dévotion extatique de l’Inde fait de Râmakrishna un saint, le positivisme médical français du XIXe siècle fait de Madeleine une folle. Ce livre montre combien la frontière est poreuse entre le délire mystique et le mysticisme religieux.
Un troisième personnage attachant apparaît tout au long de l’ouvrage : Pierre Janet, célèbre psychiatre français, qui enseigna la philosophie avant de travailler aux côtés du non moins célèbre professeur Charcot à la Salpétrière.
Auteur de nombreux ouvrages où la psychiatrie croise la philosophie, le Dr Janet s’intéresse particulièrement à Madeleine et note minutieusement le contenu de leurs entretiens. Hautement laïque mais respectueux aussi des croyances et des sentiments religieux de ses patients, il s’engage pour des années et avec une curiosité passionnée dans l’étude du “cas Madeleine”.
Pendant ce temps, au Bengale, Râmakrishna développe sa vision du Divin au vu et au su de tous. De la régression à la sexualité liée à la contemplation, comme Madeleine la Française, il connaît des expériences mystiques surprenantes.
Tout en conversant, les auteurs de ce rapport partagent leurs points de vue autant que leurs questionnements ; ils montrent les ressemblances comme les différences.
Ecrit en partie par un psychanalyste indien, on ne s’étonnera pas de trouver dans ce livre une foule de renseignements sur la psychiatrie et la psychanalyse, associée à une étude comparative simple sur deux manières d’apporter la guérison aux maladies de l’âme. D’un côté le guru porteur d’une tradition millénaire, de l’autre le psychanalyste représentant d’une science née à la fin du XIXe siècle.
L’ouvrage se termine par un chapitre intitulé “Psychanalyse et religion : une réévaluation, ou le chant des pommes de terre”.
Freud, profondément hostile au phénomène religieux considérait la foi comme une régression mentale et la religion comme un moyen de se défendre contre l’angoisse et le désespoir, nous explique Sudhir Kakar. Compte tenu de son autorité, le père de la psychanalyse devait influencer d’une manière décisive l’approche psychanalytique de la religion. Pourtant, on verra que d’autres célébrités dans ce domaine développèrent des idées plus nuancées, voire opposées, comme Bion qui prétendra que les buts de la psychanalyse sont franchement mystiques. Finalement, l’auteur laisse entendre sa position par rapport au sujet.
Pour celui qui s’intéresse à la culture indienne, au mysticisme et un tant soi peu à la psychologie, ce livre se lit comme un roman, l’intérêt ne faiblit jamais grâce au talent des auteurs qui ont su alterner la réalité des faits et les données théoriques avec une grande habileté. Ed. Seuil, Champ Freudien, 1993 - 290 pages, format 14 x 20 cm. Simone MOORS
—Revue Viniyoga, Mars 1994
> Catherine Clément / Sudhir Kakar, LE MONDE DES LIVRES (I N D E - Deux jumeaux spirituels, 1993). Catherine Clément et Sudhir Kakar retracent les destins parallèles de Madeleine, la folle, et de Râmakrishna, le mystique bengali
Id., LA FOLLE ET LE SAINT, (SEUIL coll. « Le champ freudien ».)
En 1886, après des années d’errance et de marginalité, une pauvre délirante, connue seulement sous le pseudonyme de Madeleine, est admise à la Salpêtrière, dans le service du professeur Pierre Janet. En Inde, dix ans plus tard s’éteignait le grand mystique bengali Ramakrishna, entouré par ses disciples et vénéré de tout un peuple. Deux événements en principe sans rapport l’un avec l’autre. Voici pourtant qu’un livre rapproche ces deux figures et les éclaire l’une par l’autre en un fascinant jeu de miroirs. Cette improbable rencontre, nous la devons à une autre rencontre, celle de Catherine Clément, philosophe et romancière, et de Sudhir Kakar, un Indien de Delhi qui fut en son temps l’unique psychanalyste en activité dans cette ville (1).
La thèse générale est simple : Madeleine et Râmakrishna sont comme des jumeaux spirituels, nés dans des environnements totalement différents et voués par là même à des destins sans commune mesure. L’un et l’autre possèdent un tempérament hypersensible, aux franges de l’hystérie et qui s’est révélé dès la petite enfance. L’un et l’autre ont d’emblée refusé toutes les modalités classiques d’intégration sociale, comme la profession ou la fondation d’une famille. L’un et l’autre sont passés par des formes extrêmes de souffrance psychique qui les ont menés au bord du désespoir. L’un et l’autre enfin ont connu, toute ou partie de leur vie, des extases nombreuses et d’une durée quasi incroyable.
Vus de l’extérieur, au plus fort de leur extase, ils se ressemblent : « Ils éprouvent les mêmes contractures, la même catatonie, les mêmes arrêts de la respiration, les mêmes faims dévorantes, ils ont le même regard fixe, le même énorme sourire sur les lèvres, la même immobilité… » L’immense différence qui les sépare est uniquement d’ordre socio-religieux.
Répression feutrée
Sudhir Kakar rappelle que si Râmakrishna a pu s’épanouir comme mystique, après être passé par toutes sortes d’expériences déviantes et connu des phases de chaos mental proches de la folie, c’est que l’Inde, de son temps encore, prévoyait et même codifiait la possibilité, pour certains êtres exceptionnels, de rompre avec le « village », c’est-à-dire le monde clos des rites, des hiérarchies et des conventions sociales, pour s’en aller vers la « forêt », en quête d’une formule de salut irréductible aux formes « séculières » de la religion de caste. Et toute la force du texte de Catherine Clément consiste à montrer comment, dans la France laïque de la IIIe République, toute personne porteuse de semblables aspirations était inévitablement « piégée », condamnée à la marginalité, à la prison (ce fut aussi le cas de Madeleine) et finalement à l’hôpital psychiatrique.
Pourtant, Madeleine la stigmatisée, qui passe régulièrement par toutes les phases classiques du « désert » , de la « nuit obscure » et du ravissement extatique, est bel et bien une mystique à part entière, l’égale à maints égards d’une Catherine de Gênes ou d’une Thérèse d’Avila. Seulement, la répression feutrée à laquelle elle est en butte décapite sans cesse ses élans mystiques et les fait dévier vers diverses formes de délire. Elle finira, après des années, par sortir de l’hôpital plus ou moins éteinte et « normalisée »…
Saisissante illustration de l’impact de l’époque et du milieu social sur le cours d’une vie. Un ouvrage passionnant donc, mais qui n’en laisse pas moins certaines questions pendantes. Ainsi, il est sans doute exagéré de dire que le personnage de la sainte était, dans la France de 1900, devenu aussi impossible que celui de la sorcière. Le problème est plutôt ici celui du monopole de fait exercé dans ce domaine par des structures monastiques rigides : après tout, sainte Thérèse de Lisieux fut aussi la contemporaine de Madeleine !
Par ailleurs, si les auteurs reconstituent bien la psychologie, et même la psychogenèse du mystique, décrivant avec une grande finesse son moi « fluide » et « perméable », ils n’abordent pas l’arrière-plan philosophique qui seul permettrait de rendre compte de la possibilité même du phénomène mystique, avant sa prise en charge par les religions institutionnalisées. On trouvera cependant chez Kakar quelques lignes de réflexion susceptibles, une fois prolongées, de mener à ces problèmes. C’est le cas notamment du dernier chapitre, très neuf de ton, qu’il consacre au personnage traditionnel du gourou indien. Il y prend ses distances vis-à-vis des interprétations « régressives» du phénomène mystique qui ont longtemps régné dans le champ freudien. (Michel HULIN)
(1) S. Kakar est connu du public français par son livre Moksha, le monde intérieur, enfance et société en Inde, Les Belles Lettres, 1985… ; (en ligne),
URL : http://cidif2.go1.cc/index.php/lettres-du-c-i-d-i-f/20-lettre-n-8/1561-la-folle-...… (plus d'informations)
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