Pierre Bourdieu (1930–2002)

Sur la télévision

Il s’agit de deux cours au Collège de France réunis dans une collection qui affectionne particulièrement Bourdieu, Raisons d’agir. D’une certaine manière, les propos de Bourdieu viennent prolonger ceux de Nizan dans son livre Les Chiens de garde. Ils ont certainement inspiré ceux de Serge Halimi pour son œuvre Les Nouveaux chiens de Garde.

L’esprit de l’ouvrage est identique à de nombreux cours et travaux de Bourdieu : dévoiler les ressorts et les jeux des acteurs économiques d’un champ défini, en l’occurrence celui des médias. De nombreux points sont abordés : la censure invisible que s’imposent les acteurs médiatiques, les jeux de structures et les mécanismes de l’information qui permettent de cacher tout en montrant, c’est-à-dire en opérant des choix éditoriaux donc économiques, la circulation de l’information souvent identique, l’urgence, les mécanismes de manipulation...

N’ayant rien perdu de sa vigueur intellectuelle, cette analyse radicale et sans doute un peu datée à l’heure du numérique et des réseaux sociaux. Cependant, ces cours n’ont rien perdu de leur force persuasive et de leur puissance.

L’article intitulé « L’emprise du journalisme » est un excellent complément voire une bonne conclusion à ces deux cours. Ils rappellent les principaux éléments du livre.

Un ouvrage plus scientifique que militant, encore que, chez Bourdieu, militantisme et science, très souvent se confondent.… (plus d'informations)

Leçon sur la leçon

Il ne s’agit pas à proprement parler d’une œuvre dont Bourdieu nous a accoutumé. Ce livre est la sténographie de sa leçon inaugurale au Collège de France. Un pied de nez à l’institution et, en même temps, l’acte le moins transgressif qui soit de la part du maître de la sociologie française.

Dans cet opuscule, on retrouve ensemble des fondamentaux qui ont contribué à faire de Bourdieu, une référence internationale de la sociologie. En questionnant la leçon dans une situation, en la plaçant dans son champ, Bourdieu fait du Bourdieu. Il donne les clefs de lecture pour appréhender la superstructure de l’enseignement et des enjeux de pouvoir qui sont à l’œuvre.

La leçon au Collège de France parce qu’elle est une institution méritait d’être déconstruite. La démonstration est implacable ! Si l’on ne partage pas les opinions de Bourdieu, on ne peut, qu’avec beaucoup de science, revenir sur son propos.

Ce travail réflexif sur la science en action a de nombreux mérites et, notamment, celui de devoir être lu.… (plus d'informations)

Contre-feux

Ce recueil de textes – souvent inédits – est un livre quasi militant. Il y a une forme de rupture entre le sociologue qui pense tout au long de sa carrière et celui qui tente d’agir. Bourdieu a quelques fois parlé du caractère schizophrénique du sociologue, de l’intellectuel qui analyse l’objet et qui est emporté par lui.

Contre-feux est le parfait exemple du livre de science militante, celle qui met en lumière les structures profondes de la société. Bourdieu ne se fait pas prophète mais bien lanceur d’alerte, pleinement intellectuel. Quelques fois, il devient par ses propos – avec d’autres – cet intellectuel collectif qu’il a aimé être. Contre-feux est une dénonciation du discours dominant, des rapports de force existant entre les individus. Ce petit ouvrage est une attaque en règle et une arme de défense contre la montée en puissance du discours et des pratiques néo-libérales.

On peut ne pas se reconnaître dans certains textes de l’auteur. On peut aussi ne pas accepter certains jugements de Bourdieu. Mais cela semble difficile tant la démonstration est solide. D’une actualité cruelle, on perçoit, à l’aune de ces interventions, le processus long et lent de libéralisation économique de notre société.… (plus d'informations)