Roland Barthes (1915–1980)

Roland Barthes est présenté par Wikipédia comme un philosophe, critique littéraire et sémiologue. Pas du tout le genre d’auteur que je fréquente habituellement. Mais, lu ici par Denis Podalydès, cela me paraissait moins inaccessible et mon petit côté intello se sentait flatté.
Certes, c’est une lecture ardue et je n’ai l’impression que d’avoir survolé le livre, mais j’ai aimé cette analyse du Japon. C’est l’analyse d’un européen, à n’en pas douter. L’analyse d’un occidental qui a passé un temps finalement assez court dans un pays étranger et qui, confronté à une culture radicalement différente, se laisse envoûter par son exotisme. C’est un livre tout en fascination, qui, probablement, ne supporterait pas le regard critique d’un spécialiste de la culture japonaise (si tant est que cela puisse être un titre dont quelqu’un se glorifie). Roland Barthes semble plus, dans son approche du Japon, refléter ses propres questionnements philosophiques, et c’est en creux l’analyse de sa propre culture qu’il fait en la confrontant à l’altérité.
Son analyse de l’espace de la maison japonaise, dans toute la splendeur de son dépouillement, ses réflexions sur les haïkus, leur apparente simplicité et ce qu’ils disent et ne disent pas sont intéressantes, mais, il faut que le lecteur en soit prévenu, écrit dans une langue recherchée, à grand renfort de répétitions et de périphrases. Le livre est intéressant, les idées stimulantes, mais je n’ai pu m’empêcher de sourire à l’ironie d’une forme finalement assez ampoulée pour raconter un fond fait de simplicité et d’épure. Bel exemple de contradiction dans cette réflexion très occidentale sur une culture éminemment orientale.… (plus d'informations)

Roland Barthes introduit son essai de la manière suivante :
"La nécessité de ce livre tient dans la considération suivante : que le discours amoureux est aujourd’hui d’une extrême solitude. Ce discours peut être parlé par des milliers de sujets (qui le sait ?), mais il n’est soutenu par personne ; il est complètement abandonné des langages environnants : ou ignoré, ou déprécié, ou moqué par eux, coupé non seulement du pouvoir, mais aussi de ses mécanismes, que sont les sciences, les savoirs, les arts. Lorsqu’un discours est de la sorte entraîné par sa propre force dans la dérive de l’inactuel, déporté hors de toute grégarité, il ne lui reste plus qu’à être le lieu, si exigu soit-il, d’une affirmation. Cette affirmation est en somme le sujet du livre qui commence."

Publié en 1977, cet essai ne trouve encore aujourd'hui aucun équivalent, aucune autre voix qui puisse décemment répondre à celle de Barthes.
Idée très originale de la part de ce philosophe qui, à travers une sorte d'abécédaire, propose de courts chapitres sur l'expérience de l'amour et sa relation au langage. Il s'appuie largement pour cela sur sa lecture des Souffrances du jeune Werther de Goethe mais aussi d'autres auteurs comme Freud, Winnicott, Nietzsche... de même que sur sa propre expérience personnelle.
L'abécédaire s'ouvre sur "S'abîmer" et se referme sur "Vouloir-saisir", en passant par "Attente", "Comprendre", "Déclaration", "Démons", Écrire, "Je-t-aime, Jalousie, Mutisme, Pleurer, Scène, Union, Vérité, etc.

Il en ressort des propos et réflexions très stimulants, écrits dans une langue singulière, magnifique de précision et de clarté .

Un essai d'une grande intelligence et d'une grande beauté.… (plus d'informations)