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A propos de l'auteur

Comprend les noms: Tash Aw, Ta-Shii Aw

Œuvres de Tash Aw

Le tristement célèbre Johnny Lim (2005) 842 exemplaires
Five Star Billionaire (2013) 398 exemplaires
Map of the Invisible World (2009) 256 exemplaires
Nous, les survivants (2019) 153 exemplaires
The Face: Strangers on a Pier (2015) 48 exemplaires
Tiger 15 exemplaires
x-24: unclassified (2007) — Directeur de publication — 6 exemplaires
Tiger 1 exemplaire

Oeuvres associées

A Woman's Battles and Transformations (2021) — Traducteur, quelques éditions134 exemplaires
McSweeney's Issue 42 (McSweeney's Quarterly Concern): Multiples (2013) — Translator/Contributor — 62 exemplaires
Granta 149: Europe: Strangers in the Land (2019) — Contributeur — 40 exemplaires

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Il arrivait parfois que les travaux sur le port ralentissent et on voyait des migrants affluer en ville à la recherche de quelques journées de labeur temporaire ici ou là, grâce à quiconque accepterait de les employer. Au cours de ces périodes, la ville semblait fonctionner normalement ; autrement dit, une visiteuse comme vous ne remarquerait rien d’inhabituel. Vous verrier les bus et les marchés, les commerçants balayant devant leur porte, des gens assis aux petites cantines de rus en bordure de la chaussée, mais vous ne percevriez pas l’angoisse sous-jacente, la conscience que la ville entière dépendait du commerce avec toutes sortes de sites éloignés, de l’achat et de la vente de produits à des gens dont nous ne saurions jamais rien. Si en Amérique un politicien décide qu’il ne faut plus acheter de gants en latex en Malaisie, subitement, dix fabriques de la région doivent fermer. Les Européens veulent sauver cette putain de planète, alors ils interdisent l’utilisation de l’huile de palme dans les aliments : en l’espace d’un mois, le port entier est à genoux. La vie continue, mais vous sentez qu’elle s’échappe lentement, et vous craignez qu’elle ne revienne jamais. A cause de cette peur, vous vous sentez comme en suspens. De l’extérieur, la vie semble normale, mais intérieurement elle se fige peu à peu.
(p. 321-322, “2 janvier”, Partie 4, “Janvier”).


Un titre énigmatique, que la lecture du livre n’éclaircit pas directement. Qui sont ces survivants ? Ceux, je crois, qui ne vivent pas, qui ne font que survivre. Parce qu’il y a l’indigence, ou l’émigration clandestine, ou le travail physique au-delà du soutenable, et souvent un mélange de tout cela. Le narrateur, qui se raconte à une chercheuse en sciences sociales, a commis un meurtre et a purgé une peine de prison, ce n’est pas divulgâcher que de dire cela car on l’apprend dès les premières pages du livre. Et tout le roman raconte la vie de cet homme, à travers ses propres mots, jusqu’à en arriver à cet événement.
J’ai demandé ce livre sur netgalley, et les éditions Fayard ont été assez aimables pour me permettre de le lire. Ce n’est qu’en le mettant sur ma liseuse que j’y ai vu la phrase d’Edouard Louis faisant la promotion de ce livre, « L’un des plus beaux et plus puissants romans que j’ai ly depuis des années ». N’ayant pas un très bon souvenir de ma seule lecture d’un livre d’Edouard Louis, j’ai eu un peu peur, mais je ne me suis pas démontée et me suis lancée dans cette lecture. Grand bien m’en a pris car ce livre a vraiment quelque chose.
L’écriture est simple, presque sèche, le propos demeure toujours très factuel. Mais c’est dans toute cette sécheresse et cette apparente objectivité des faits que se dit tout cet indicible de pauvreté extrême, de manque de perspective dans la vie, de la médiocrité d’une vie passée à courir après le simple minimum. Le personnage principal n’est pas particulièrement agréable, ce n’est pas mon empathie pour lui qui m’ont fait aimer ce livre, mais bien cette capacité à décrire ces situations tellement difficiles à envisager pour nous dans le confort de nos maisons, protégés derrière les pages d’un livre.
C’est un livre à lire quand on a le cœur bien accroché, non qu’il y ait des descriptions difficiles dans ce livre, ou des événements scabreux. On croise bien sûr un peu de drogue, la question des gangs est effleurée, mais c’est plus la banalité de l’extrême dénuement qui m’a parue difficile à encaisser. Ce livre ne m’a pas laissée indifférente. Il ne cherche ni à être moralisateur ni à proposer quelque leçon ou solution que ce soit, mais il fait réfléchir. La Malaisie n’est pas un pays dont on entend parler tous les jours, pourtant c’est un pays qui exporte beaucoup de ses denrées, notamment la production de ses plantations de palmiers, que l’on traverse dans ce livre. Cela fait réfléchir sur nos actes d’achat, sur comment nous sommes liés à ces situations, qu’on le veuille ou non, combien on est impuissant mais combien il est hypocrite de ne rien faire.
Un livre qui mérite de trouver une large audience. Son auteur m’était inconnu et pourtant je m’aperçois qu’il a déjà un certain lectorat en France et ailleurs. J’espère que ce livre confirmera ce succès, car c’est une expérience de lecture que je ne peux pas qualifier de plaisante, c’est toujours difficile de se sentir remise en question, comme ça, l’air de rien, mais c’est une expérience de lecture enrichissante et déstabilisante, ce qui est pour moi le signe d’un bon livre.
… (plus d'informations)
 
Signalé
raton-liseur | 6 autres critiques | Jun 22, 2021 |
du Faulkner, que dis-je du Conrad! derrière le miroir, plus loin, il y a une île. pour régler tes comptes avec celle que tu sais, ou devenir fou de jalousie.
 
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gigile | 26 autres critiques | Nov 21, 2012 |
Ce livre mêle deux histoire en alternance et pratiquement en parallèle. Adam cherche à la fois son frère et son père mais sa recherche se fait de manière totalement parallèle et surtout très différemment.

Pour son père, Adam a une attitude active ou pseudo-active. Il va trouver Margaret à Jakarta, lui demande de l’aide. Elle met tout en branle pour retrouver son ancien amant, en exploitant notamment des relations proches du pouvoir. Cette histoire est très intéressante à mon avis car elle explique tout le contexte politique de l’époque, les enjeux … Tash Aw exploite différents points de vue, des blancs aux pauvres, aux orphelins, aux communistes en passant par les riches indonésiens. On apprend énormément de choses. De plus, dans cette partie, l’auteur cherche à comprendre qu’est-ce qu’appartenir à un pays. Il livre une réflexion loin des stéréotypes sur le sentiment d’appartenance, de rejet, de nationalités. Il y a aussi une réflexion intéressante sur le post-colonialisme. Cette histoire du livre, liant à la fois réflexion intérieure et réflexion historique, m’aurait amplement suffit.

Cependant, Tash Aw a choisit de mêler à tout cela la recherche du frère. Cela m’a ennuyé. Adam a une attitude passive et la recherche de son frère se fait surtout dans le passé et donc dans les souvenirs. Le problème c’est que ses souvenirs sont très peu nombreux et qu’il les ressasse beaucoup je trouve. Là dessus, Tash Aw alterne avec le mal-être du frère, Johan, qui a été adopté et emmené en Malaisie. Tout cela n’apporte rien ou plutôt l’auteur n’apporte rien. Il n’en fait rien. Je n’ai ressenti aucun sentiment, aucune empathie pour les deux garçons et l’auteur n’en tire aucune conclusion sur l’adoption, la séparation de deux frères … Je crois qu’au contraire de la première histoire du livre, celle-ci aurait du s’inscrire dans la durée et ne correspondait pas forcément au cadre temporel du livre. La quête familiale, des origines, est à mon avis, quelque chose qui demande plus d’un ou deux mois. Surtout qu’Adam ne l’avait pas commencé au début de l’histoire. J’ai donc été un peu déçue.

Sur l’écriture, j’ai été assez déroutée. Elle est souvent assez froide mais il y a aussi des moments de pure beauté, de pure poésie. Ces moments correspondent souvent aux moments où on n’arrive à comprendre les personnages et où on s’approche plus de l’histoire. Ce qui m’a déroutée, c’est le fait que parfois apparaisse des passages sans aucun rapport avec ce qui précède. Il y a une absence de liaisons assez flagrante.

En conclusion, une lecture intéressante, je dirais.
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Signalé
CecileB | 10 autres critiques | Mar 8, 2012 |

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