Alaa al-Aswani

J'ai lu L'immeuble Yacoubian alors que j'étais en voyage à Conakry en Guinée. Cela a donné une lumière particulière sur cette lecture. Les lieux qui s'étalaient devant moi entraient d'une certaine façon en résonance avec ceux qui m'étaient livrés par la lecture. Il y avait une certaine synchronie entre ce que je voyais, je sentais et vivais, et ce que je lisais de telle sorte que la pauvreté de la terrasse de l'immeuble Yacoubian prenait une dimension différente et s'incarnait devant moi. C'est une lecture dont je garde un très bon souvenir.

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Un formidable plongeon dans l'Egypte sous colonisation britannique dans les années 40, à travers une multitude de personnages qui révèlent, chacun à leur manière, une parcelle de la réalité égyptienne de cette période sous le règle du roi Farouk. Un lieu : cet automobile-club du Caire où se retrouve toute la bonne société coloniale servie par des "petites mains" reduites à l"état d'esclavage par le terrible Kwo, le chef des domestiques, qui se permet des comportements abominables vis-à-vis de ses administrés. Farouk, personnage repoussant, a ses habitudes dans ce club très fermé, dirigé par l'Anglais Wright pétri de racisme.
J'ai été très touchée par Abdelazziz et sa famille, notable ruiné venu de Haute-Egypte pour pouvoir faire vivre sa famille. Il est obligé de trouver un job et se fait embaucher au Club.
Dans ce microcosme se révèlent les élans et les bassesses des uns et des autres. on sent frémir la révolte mais il y a ceux qui ont le courage de s'opposer à la soumission et au racisme qu'ils subissent, et ceux, majoritaires, qui préfèrent la sécurité malgré la dureté de traitement que leur inflige Kwo à l'inconnu et à l'inconfort d'un soulèvement.
Ces pages se lisent forcément à la lumière de la situation actuelle en Egypte. Un très beau roman, que j'ai lu avec avidité.… (plus d'informations)