“Jeu et théorie du Duende”, un texte court publié chez allia , dans leur remarquable collection à trois euros. C’est une conférence du grand poéte espagnol , sur ce qu’il y a de plus mystérieux chez le chanteur ou la danseuse de flamenco, chez le torero, le duende. Tu l’as ou tu ne l’as pas, tu ne peux pas le simuler. Le duende est dans tous les arts, dans toutes les activités humaines, inexplicable, insaisissable. Pourtant Lorca en donne une démonstration, le théorise, nous le fait toucher du doigt. Vous vous souvenez d’une lecture, d’une écoute, d’un moment de votre vie et enfin vous mettez un nom sur ce sentiment, cette impression, qui vous avez remué, c’était le duende .

Ce texte est essentiel, c’est un choc. Enfin des mots sur cette sensation, une explication sur ce qui transfigure une boucherie comme la corrida en moment d’exception. La mort est au coeur du duende, cette relation étrange de l’artiste à la mort, le duende c’est l’acceptation et le refus de mort, c’est sublime. Ce texte est une merveille. Il faut absolument le lire. Je comprend mieux Borges, Quevedo, Cervantés et plus récemment le capitan Alatriste . Le flamenco et toute la musique arabo-andalouse ne peut être appréhendé dans sa complexité qu’a travers ce prisme. Moment de sensualité au berge du gouffre, moment d’équilibre entre la mort et la vie, c’est d’une immense beauté. Le duende rend la vie plus forte, en explorant ses limites. La prise de conscience de sa fragilité en augmente le goût. L’artiste en frôlant la mort rend le duende possible et heureusement l’humour est là pour apaiser la blessure narcissique de notre fin inéluctable. Il y a tout ça dans cette conférence, un moment de duende…

Lisez ce petit texte et ensuite écoutez paco de Lucia ou Bach par gould, c’est duende… ( )