« Leurs Majestés allèrent ensuite chercher le frais dans ces bosquets si délicieux où l'épaisseur des arbres empêche que le soleil ne se fasse sentir. Lorsqu'Elles furent dans celui dont un grand nombre d'agréables allées forme une espèce de labyrinthe, Elles arrivèrent après plusieurs détours dans un cabinet de verdure et de figure pentagone où aboutissaient cinq allées. Au milieu de ce cabinet, il y a une fontaine dont le bassin est bordé de gazon. De ce bassin sortaient cinq tables en manière de buffets, chargés de toutes les choses qui peuvent composer une collation magnifique.
La palissade qui fait l'enceinte de ce cabinet était disposée d'une manière toute particulière. Le jardinier, ayant employé son industrie à bien ployer les branches des arbres et à les lier ensemble en diverses façons, en avait formé une espèce d'architecture. Dans le milieu du couronnement, on voyait un socle de verdure sur lequel il y avait un dé qui portait un vase rempli de fleurs. Au côté du dé, et sur le même socle, étaient deux autres vases de fleurs et, en cet endroit, le haut de la palissade venant doucement à s'arrondir en forme de galbe, se terminait aux deux extrémités par deux autres vases, aussi remplis de fleurs. »
André Félibien, Relation de la fête de Versailles du dix-huit juillet mille six cent soixante-huit.