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Kim Jiyoung est une femme ordinaire, affuble e d'un pre nom commun - le plus donne en Core e du Sud en 1982, l'anne e de sa naissance. Elle vit a Se oul avec son mari, de trois ans son ai ne , et leur petite fille. Elle a un travail qu'elle aime mais qu'il lui faut quitter pour e lever son enfant. Et puis, un jour, elle commence a parler avec la voix d'autres femmes. Que peut-il bien lui e tre arrive ? En six parties, qui correspondent a autant de pe riodes de la vie de son personnage, d'une e criture pre cise et cinglante, Cho Nam-joo livre une photographie de la femme core enne pie ge e dans une socie te traditionaliste contre laquelle elle ne parvient pas a lutter. Mais qu'on ne s'y trompe pas : Kim Jiyoung est bien plus que le miroir de la condition fe minine en Core e - elle est le miroir de la condition fe minine tout court.… (plus d'informations)
Des gens tenaient de tels propos en croyant en plus faire preuve de gentillesse. Elle ne savait pas à quel moment quelque chose était parti en vrille, elle ne savait pas non plus comment protester. Pas plus qu’elle n’avait envie de se lancer dans une querelle stérile. Elle se résigna et se tut. (p. 70, Chapitre 4, “2001-2011”). Dans le temps, on lavait le linge avec un battoir, on faisait bouillir le linge en faisant du feu avec du bois, on balayait, on frottait partout, pliés en deux. De nos jours, le linge, c’est la machine qui s’en occupe, le ménage, c’est l’aspirateur, pas vrai ? Je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de si dur aujourd’hui pour les femmes. (p. 102, Chapitre 5, “2012-2015”).
Bon, le bandeau « roman phénomène » n’est pas très engageant, mais un livre sur la condition féminine en Corée, ça me disait bien, et les éditions Robert Laffont ont accepté de me l’envoyer gracieusement via netgalley, j’en ai été très heureuse. On est dans le format des livres qui nous viennent habituellement de Corée, avec à peine plus de 100 pages, mais par contre, ce n’est pas le ton feutré auquel je suis habituée. Non, ici, le propos est explicite, et l’on a affaire presque plus à un long article de journal, chiffres à l’appui, qu’à un véritable roman. Le prétexte romanesque du début, une femme qui se met à dire les mots d’autres femmes, n’est d’ailleurs rien d’autre qu’un prétexte, et est finalement peu utilisé, sinon pour signifier dès le début que l’histoire de Kim Jiyoung, avec son nom passe-partout, est bien une histoire générale et non une histoire particulière. On suit donc une femme coréenne lambda depuis sa naissance en 1982 jusqu’au moment où elle devient à son tour mère, en 2015. Je savais que la Corée n’était pas un exemple en terme d’égalité femme-homme, mais je suis tout de même souvent tombée des nues devant les faits rapportés ici. La Corée n’a pas qu’une génération de retard dans ce domaine, c’est bien plus ancré que cela… Mais au-delà des faits qui sont rapportés, j’ai aimé le ton du livre, en tout cas au début, où l’autrice montre une vraie tendresse pour ses personnages, la complexité des réflexes socialement conditionnés, les tiraillements entre les habitudes favorables aux garçons et les premières prises de conscience. J’ai aimé voir le personnage de la mère de Kim Jiyoung évoluer et, sans le dire, permettre à ses filles de faire des choix qui étaient impensables pour elle. J’ai aimé les premières victoires si symboliques remportées par les filles à l’école. Il est dommage que toute cette complexité se perde lorsque Cho Nam-Joo aborde le chapitre de la maternité, de ce que cela signifie pour la vie professionnelle mais aussi personnelle de la femme. J’ai senti beaucoup de colère dans cette dernière partie. L’écrivaine n’a peut-être plus assez de distance par rapport à sa propre expérience et cela nuit me semble-t-il à la richesse du propos. Fort heureusement, la conclusion permet de rebondir de façon inattendue et permet de refermer le livre avec la sensation d’avoir terminé un roman qui se tient. En définitive, c’est un bon livre, à lire pour son sujet, mais pas pour ses qualités littéraires. Pour ma part, je crois que je le conseillerais volontiers à des lycéens ou lycéennes, ou à des jeunes adultes qui veulent comprendre ce que c’est que l’inégalité de genre. Les processus sont bien démontés et expliqués avec clarté. J’ai par exemple bien aimé la réflexion sur les liens de cause à effet : pourquoi est-il toléré que les garçons mettent des baskets au lycée mais pas les filles ? Parce que les garçons jouent au foot et font du sport pendant les récrés, pas les filles, répond de bonne foi un professeur. Oui mais c’est parce que les filles n’ont pas le droit de mettre de baskets et de pantalons qu’elles ne jouent pas au foot lui rétorque une élève… Une façon intéressante de se pencher sur la question du sexisme en étudiant une société où cela est poussé à l’extrême, où la différence culturelle rend l’indignation plus facile, mais dont de nombreuses situations demeurent transposables dans notre société.
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Wikipédia en anglais
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Kim Jiyoung est une femme ordinaire, affuble e d'un pre nom commun - le plus donne en Core e du Sud en 1982, l'anne e de sa naissance. Elle vit a Se oul avec son mari, de trois ans son ai ne , et leur petite fille. Elle a un travail qu'elle aime mais qu'il lui faut quitter pour e lever son enfant. Et puis, un jour, elle commence a parler avec la voix d'autres femmes. Que peut-il bien lui e tre arrive ? En six parties, qui correspondent a autant de pe riodes de la vie de son personnage, d'une e criture pre cise et cinglante, Cho Nam-joo livre une photographie de la femme core enne pie ge e dans une socie te traditionaliste contre laquelle elle ne parvient pas a lutter. Mais qu'on ne s'y trompe pas : Kim Jiyoung est bien plus que le miroir de la condition fe minine en Core e - elle est le miroir de la condition fe minine tout court.
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Bon, le bandeau « roman phénomène » n’est pas très engageant, mais un livre sur la condition féminine en Corée, ça me disait bien, et les éditions Robert Laffont ont accepté de me l’envoyer gracieusement via netgalley, j’en ai été très heureuse.
On est dans le format des livres qui nous viennent habituellement de Corée, avec à peine plus de 100 pages, mais par contre, ce n’est pas le ton feutré auquel je suis habituée. Non, ici, le propos est explicite, et l’on a affaire presque plus à un long article de journal, chiffres à l’appui, qu’à un véritable roman. Le prétexte romanesque du début, une femme qui se met à dire les mots d’autres femmes, n’est d’ailleurs rien d’autre qu’un prétexte, et est finalement peu utilisé, sinon pour signifier dès le début que l’histoire de Kim Jiyoung, avec son nom passe-partout, est bien une histoire générale et non une histoire particulière.
On suit donc une femme coréenne lambda depuis sa naissance en 1982 jusqu’au moment où elle devient à son tour mère, en 2015. Je savais que la Corée n’était pas un exemple en terme d’égalité femme-homme, mais je suis tout de même souvent tombée des nues devant les faits rapportés ici. La Corée n’a pas qu’une génération de retard dans ce domaine, c’est bien plus ancré que cela…
Mais au-delà des faits qui sont rapportés, j’ai aimé le ton du livre, en tout cas au début, où l’autrice montre une vraie tendresse pour ses personnages, la complexité des réflexes socialement conditionnés, les tiraillements entre les habitudes favorables aux garçons et les premières prises de conscience. J’ai aimé voir le personnage de la mère de Kim Jiyoung évoluer et, sans le dire, permettre à ses filles de faire des choix qui étaient impensables pour elle. J’ai aimé les premières victoires si symboliques remportées par les filles à l’école.
Il est dommage que toute cette complexité se perde lorsque Cho Nam-Joo aborde le chapitre de la maternité, de ce que cela signifie pour la vie professionnelle mais aussi personnelle de la femme. J’ai senti beaucoup de colère dans cette dernière partie. L’écrivaine n’a peut-être plus assez de distance par rapport à sa propre expérience et cela nuit me semble-t-il à la richesse du propos. Fort heureusement, la conclusion permet de rebondir de façon inattendue et permet de refermer le livre avec la sensation d’avoir terminé un roman qui se tient.
En définitive, c’est un bon livre, à lire pour son sujet, mais pas pour ses qualités littéraires. Pour ma part, je crois que je le conseillerais volontiers à des lycéens ou lycéennes, ou à des jeunes adultes qui veulent comprendre ce que c’est que l’inégalité de genre. Les processus sont bien démontés et expliqués avec clarté. J’ai par exemple bien aimé la réflexion sur les liens de cause à effet : pourquoi est-il toléré que les garçons mettent des baskets au lycée mais pas les filles ? Parce que les garçons jouent au foot et font du sport pendant les récrés, pas les filles, répond de bonne foi un professeur. Oui mais c’est parce que les filles n’ont pas le droit de mettre de baskets et de pantalons qu’elles ne jouent pas au foot lui rétorque une élève… Une façon intéressante de se pencher sur la question du sexisme en étudiant une société où cela est poussé à l’extrême, où la différence culturelle rend l’indignation plus facile, mais dont de nombreuses situations demeurent transposables dans notre société.