Forcément frustrant. Les duels espérés, les révélations attendues, la conclusion imaginée surviennent... et c'est tout de même moins intense, moins apocalyptique, moins ébouriffant qu'on l'aurait cru. Comme si l'énormité de la tâche avait étouffé la créativité insensée de l'auteur, qui se précipite souvent sur des passages qu'on aurait souhaités plus denses, plus détaillés, afin de continuer à vivre cette aventure fantastique en compagnie de personnages incroyablement réels (puisqu'ils l'ont tous été, ou presque !). Certes, le duel aérien a de la gueule et ses protagonistes une classe folle - mais comme tout va trop vite ! L'Armageddon entre les deux bateaux fabuleux est sans aucun doute un sommet où l'on se surprend même à esquisser une pointe d'admiration pour l'inventivité et la roublardise d'un Jean sans Terre jamais à court de ressources : les coups du sort et rebondissements tiennent le lecteur en haleine, qui vitupérera autant que possible contre la passivité arrogante de Sam Clemens et rongera son frein en attendant que les héros des précédents tomes (l'équipe de Burton et celle de Tom Mix et Jack London) entrent en scène face à Joe Miller, Cyrano et leurs alliés. Sans compter le moment où l'Ethique renégat fera enfin surface.

Reste le dernier tiers, et il est décevant : la route vers la Tour des brumes n'est pas sans embûche, les obstacles minent le moral d'un groupe qui se réduit d'autant que la suspicion est de mise. X est-il parmi eux ? Si oui, lequel est-il ? Et lorsque la tragédie se révèle, on ne peut que se satisfaire de motivations assez obscures alors que l'auteur s'égare dans des rebondissements bien naïfs (on se demande encore comment Goering, presque tout seul, a pu réussir à les rejoindre sans les qualités physiques du titanthrope, la pugnacité et le sens tactique d'un Burton, la sagesse d'un Nur el-Musafir où la puissance d'un Gilgamesh). Ca n'ôte pas grand chose au rayonnement de la saga, qui demeure considérable et la fin ouvre bien maladroitement la voie à un ultime volume. ( )

Luttes et conquête du pouvoir, course à l'origine du fleuve, batailles, ce troisième et dernier tome de la série tient toutes ses promesses mais on reste sur sa faim à la conclusion de cette saga, que j'attendais plus ample, plus développée. Un seul mot à la fin : et ensuite ? ( )

Philip José Farmer clôt avec Le Labyrinthe magique son cycle du Fleuve de l’Éternité, son œuvre la plus importante. Et pour cause, la résurrection générale de la totalité de l’Humanité (36 milliards d’êtres) le long d’un interminable fleuve, est une des idées les plus riches et les plus intéressantes que l’on ait vues dans la littérature de science-fiction.
Dans ce tome les personnages récurrents du cycle vont remonter jusqu’aux sources du Fleuve (non sans heurts) et tenter d’y trouver des réponses à leurs questions.
On retrouve plus que dans n’importe quel autre tome du cycle l’aspect « road-trip » inhérent à un récit fluvial. Avec la malheureuse conséquence qu’on s’y ennuie fermement par moments. Farmer retombe dans ses travers, à savoir une fâcheuse tendance à se perdre dans de multiples digressions à détailler des passages ou des personnages sans intérêt. Les spéculations théologiques de la fin du roman n’y changeront rien, voilà une idée lumineuse de SF qui se finit en queue de poisson. ( )