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"Since his boyhood in a poor village in Central Anatolia, Mevlut Karataş has fantasized about what his life would become. Not getting as far in school as he'd hoped, at the age of twelve he comes to Istanbul--"the center of the world"--And is immediately enthralled by both the old city that is disappearing and the new one that is fast being built. He follows his father's trade, selling boza (a traditional mildly alcoholic Turkish drink) on the street, and hoping to become rich, like other villagers who have settled the desolate hills outside the booming metropolis. But luck never seems to be on Mevlut's side. As he watches his relations settle down and make their fortunes, he spends three years writing love letters to a girl he saw just once at a wedding, only to elope by mistake with her sister. And though he grows to cherish his wife and the family they have, he stumbles toward middle age in a series of jobs leading nowhere. His sense of missing something leads him sometimes to the politics of his friends and intermittently to the teachings of a charismatic religious guide. But every evening, without fail, Mevlut still wanders the streets of Istanbul, selling boza and wondering at the "strangeness" of his mind, the sensation that makes him feel different from everyone else, until fortune conspires once more to let him understand at last what it is he has always yearned for."--Jacket.… (plus d'informations)
Tu es heureux, vraiment ? Il arrive parfois que les gens aient l’intention d’être heureux mais que ce ne soit pas le cas en réalité… Et ils se disent quand même heureux. (p. 308, Chapitre 8, “Capitalisme et tradition”, Partie 4, “Juin 1982 - Mars 1994”).
Une fois passée la trentaine, Mevlut avait appris de la rue que l’homme est aussi seul qu’un loup dans la vie. S’il avait de la chance, il trouvait une louve du nom de Rayiha. Pour soigner la solitude que généraient les rues, c’étaient encore les rues le principal remède. Et comme il était resté loin des rues de la ville durant les cinq ans qu’il avait passés au Binbom, Mevlut était devenu quelqu’un de triste et de mélancolique. (p. 428-429, Chapitre 18, “Derniers jours au Binbom”, Partie 4, “Juin 1982 - Mars 1994”).
« Cette ‟chose étrangeˮ, c’est à la fois la ville et l’amour, l’histoire poignante d’un homme déterminé à être heureux. » se conclut joliment la quatrième de couverture… J’ai découvert Orhan Pamuk il y a bien longtemps de cela, avec Mon Nom est rouge. Je ne me souviens plus de comment je suis tombée sur cet auteur, je ne me souviens que vaguement du livre, par contre je me souviens très bien de la jubilation que m’a procurée cette lecture (qu’il faudra que je réitère un jour d’ailleurs). J’avais retrouvé Orhan Pamuk dans Neige, qui pourtant avait même reçu un prix, mais j’avais été beaucoup moins emballée. Avec Cette Chose étrange en moi, j’ai enfin retrouvé l’auteur de Mon Nom est rouge. Un roman fleuve, qui peut faire un peu peur de par son épaisseur, de par la densité de son impression et de par la ténuité de son sujet. Mais les pages défilent sans que l’on s’en rende compte, voguant sur la plume sobre d’Orhan Pamuk qui écrit sans effet inutile, sans jeu de manche, traversant les années aux côtés de Mevlut, qui sera (entre autre) vendeur ambulant toute sa vie, qui, trop honnête, ne saura pas profiter des quelques opportunités qui se présenteront à lui, mais qui jamais ne trahira ni ce qu’il est ni ses rêves de bonheur. A tout cela se mêle une histoire d’amour tellement belle qu’elle est impossible, mais la magie du roman est là pour nous faire tout accepter et l’on continue notre lecture aux côtés de tous ces personnages qui entourent Mevlut, sa famille, ses amis, dont on entend les voix, qui donnent un éclairage différent aux événements, de la profondeur aussi. Mais qui est le héros de ce long roman ? Melvut, c’est lui, de dos, sur la couverture. Mevlut, archétype du petit paysan d’Anatolie qui alimente l’exode rural vers la grande Istanbul, homme sans éducation, avec une volonté certaine mais limitée, qui a rêvé d’ascension sociale mais qui peinera toute sa vie à joindre les deux bouts. Ou bien ne seraient-ce pas toutes ces voix secondaires qui sont autant de héros ? Le cousin Suleyman qui a dit mal à exister face à son frère aîné, toutes les femmes qui, malgré parfois un acte d’insoumission dans leur jeune âge, se conforment à l’ordre établi sans même s’en rendre compte (bien plus efficace qu’un manifeste féministe, sans dénonciation ni thèse, Orhan Pamuk nous livre des pages mémorables sur la difficulté d’être femme dans la seconde moitié du XXème siècle à Istanbul). Ou bien est-ce la ville d’Istanbul elle-même qui est l’héroïne de cette histoire ? Une ville que Pamuk aime, d’un amour probablement plein de nostalgie et de lucidité, de résignation et d’humilité. Une ville qu’il regarde évoluer, qu’il ausculte quotidiennement, une ville qui voit croître ses bidonvilles et sa population, qui tente sa modernisation, qui bat au rythme des coups d’Etat et reflète les changements politiques. On sent la ville respirer, on l’arpente sur relâche, dans l’espace et dans le temps, sur les pas du marchand ambulant qui toute sa vie restera un marchand de boza, boisson fermentée qui a eu son heure de gloire dans l’Empire Ottoman, lorsque l’alcool était interdit, et qui fut interdite parfois, parce que l’alcool était interdit. Mevlut est l’incarnation de ces oscillations du cœur d’Istanbul, il en est l’héritage et le présent, il en incarne les contradictions et a appris à répondre à ceux qui lui demandent si la boza est une boisson alcoolisée ou non, il a appris à répondre à ceux qui lui demandent si ses filles sont voilées, si il prie à la mosquée le vendredi. Mevlut est l’incarnation de la complexité d’Istanbul, vraie personnage principal de ce livre, Et Orhan Pamuk lui donne un visage certes un peu naïf, mais aussi très attachant. Et au moment de refermer ce livre, je me prends à penser que j’aurais bien aimé accompagner Mevlut une petite centaine de pages en plus. Je me prends à me dire qu’Istanbul doit être une ville magnifique, moi qui aime me tenir éloignée des mégalopoles, et encore plus quand elles ont crû de façon désorganisée comme les gecekondu des collines d’Istanbul.
Un livre absolument superbe, qui m’a accompagnée pendant plusieurs semaines à la découverte d’un petit coin à la frontière de l’Europe et de l’Asie que je ne connais pas du tout. Un livre gros, lourd, mais que j’ai aimé tenir ouvert dans mes mains, découvrant les voix de chaque personnage, voyant se dessiner en creux la figure de Mevlut et se dérouler en toile de fond la ville protéiforme. L’éditeur aurait pu faire un meilleur travail, certes. L’arbre généalogique en début de livre n’est pas utile, on n’est pas dans les Rougon-Macquart tout de même, et la chronologie à la fin du livre, qui mélange les grands événements nationaux et locaux et la vie de Mevlut est une bonne idée, mais en la parcourant d’un œil distrait pour m’approprier le livre avant de me lancer dans la lecture, je suis tombée sur un événement important de la vie de Mevlut, et cela a un peu gâché le suspens de ma lecture. Par contre, un petit glossaire aurait été le bienvenu, de même que quelques indications sur la prononciation. Beaucoup de « c » cédille et de « i » sans accent dans les noms de lieu, et je ne sais qu’en faire. Je ne saurais même pas dire de quel village est originaire Mevlut, et j’oserais à peine prononcer le nom du quartier où il habite à Istanbul. D’ailleurs, une ou deux cartes de la ville n’auraient pas été superflues non plus, histoire de mieux suivre Mevlut dans ses tribulations. Des petits défauts éditoriaux ici et là donc (mais une très belle quatrième de couverture, avec de jolies formules pour parler de Mevlut qui « relèvera le défi de s’approprier cette existence qui est la sienne »), mais un grand livre, un beau livre, des personnages que l’on accompagne un long moment et qui nous accompagnent à leur tour une fois la dernière page du livre tournée. Une ville que l’on voudrait découvrir mais qui n’existe plus, l’Istanbul d’il y a quarante ou cinquante ans, une nostalgie que l’on ressent pour une vie et une culture que l’on n’a pas connue. Chapeau bas, Monsieur Pamuk, ce livre est magnifique, votre plume est magnifique, grâce à vous, j’ai l’impression d’un peu connaître Istanbul, à défaut de la comprendre, en tout cas d’en avoir arpenté les rues chaque nuit pendant quarante ans et d’avoir mal au cou à force de porter la perche sur mon épaule.
"Since his boyhood in a poor village in Central Anatolia, Mevlut Karataş has fantasized about what his life would become. Not getting as far in school as he'd hoped, at the age of twelve he comes to Istanbul--"the center of the world"--And is immediately enthralled by both the old city that is disappearing and the new one that is fast being built. He follows his father's trade, selling boza (a traditional mildly alcoholic Turkish drink) on the street, and hoping to become rich, like other villagers who have settled the desolate hills outside the booming metropolis. But luck never seems to be on Mevlut's side. As he watches his relations settle down and make their fortunes, he spends three years writing love letters to a girl he saw just once at a wedding, only to elope by mistake with her sister. And though he grows to cherish his wife and the family they have, he stumbles toward middle age in a series of jobs leading nowhere. His sense of missing something leads him sometimes to the politics of his friends and intermittently to the teachings of a charismatic religious guide. But every evening, without fail, Mevlut still wanders the streets of Istanbul, selling boza and wondering at the "strangeness" of his mind, the sensation that makes him feel different from everyone else, until fortune conspires once more to let him understand at last what it is he has always yearned for."--Jacket.
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(p. 308, Chapitre 8, “Capitalisme et tradition”, Partie 4, “Juin 1982 - Mars 1994”).
Une fois passée la trentaine, Mevlut avait appris de la rue que l’homme est aussi seul qu’un loup dans la vie. S’il avait de la chance, il trouvait une louve du nom de Rayiha. Pour soigner la solitude que généraient les rues, c’étaient encore les rues le principal remède. Et comme il était resté loin des rues de la ville durant les cinq ans qu’il avait passés au Binbom, Mevlut était devenu quelqu’un de triste et de mélancolique.
(p. 428-429, Chapitre 18, “Derniers jours au Binbom”, Partie 4, “Juin 1982 - Mars 1994”).
« Cette ‟chose étrangeˮ, c’est à la fois la ville et l’amour, l’histoire poignante d’un homme déterminé à être heureux. » se conclut joliment la quatrième de couverture… J’ai découvert Orhan Pamuk il y a bien longtemps de cela, avec Mon Nom est rouge. Je ne me souviens plus de comment je suis tombée sur cet auteur, je ne me souviens que vaguement du livre, par contre je me souviens très bien de la jubilation que m’a procurée cette lecture (qu’il faudra que je réitère un jour d’ailleurs). J’avais retrouvé Orhan Pamuk dans Neige, qui pourtant avait même reçu un prix, mais j’avais été beaucoup moins emballée. Avec Cette Chose étrange en moi, j’ai enfin retrouvé l’auteur de Mon Nom est rouge. Un roman fleuve, qui peut faire un peu peur de par son épaisseur, de par la densité de son impression et de par la ténuité de son sujet. Mais les pages défilent sans que l’on s’en rende compte, voguant sur la plume sobre d’Orhan Pamuk qui écrit sans effet inutile, sans jeu de manche, traversant les années aux côtés de Mevlut, qui sera (entre autre) vendeur ambulant toute sa vie, qui, trop honnête, ne saura pas profiter des quelques opportunités qui se présenteront à lui, mais qui jamais ne trahira ni ce qu’il est ni ses rêves de bonheur. A tout cela se mêle une histoire d’amour tellement belle qu’elle est impossible, mais la magie du roman est là pour nous faire tout accepter et l’on continue notre lecture aux côtés de tous ces personnages qui entourent Mevlut, sa famille, ses amis, dont on entend les voix, qui donnent un éclairage différent aux événements, de la profondeur aussi.
Mais qui est le héros de ce long roman ? Melvut, c’est lui, de dos, sur la couverture. Mevlut, archétype du petit paysan d’Anatolie qui alimente l’exode rural vers la grande Istanbul, homme sans éducation, avec une volonté certaine mais limitée, qui a rêvé d’ascension sociale mais qui peinera toute sa vie à joindre les deux bouts. Ou bien ne seraient-ce pas toutes ces voix secondaires qui sont autant de héros ? Le cousin Suleyman qui a dit mal à exister face à son frère aîné, toutes les femmes qui, malgré parfois un acte d’insoumission dans leur jeune âge, se conforment à l’ordre établi sans même s’en rendre compte (bien plus efficace qu’un manifeste féministe, sans dénonciation ni thèse, Orhan Pamuk nous livre des pages mémorables sur la difficulté d’être femme dans la seconde moitié du XXème siècle à Istanbul). Ou bien est-ce la ville d’Istanbul elle-même qui est l’héroïne de cette histoire ? Une ville que Pamuk aime, d’un amour probablement plein de nostalgie et de lucidité, de résignation et d’humilité. Une ville qu’il regarde évoluer, qu’il ausculte quotidiennement, une ville qui voit croître ses bidonvilles et sa population, qui tente sa modernisation, qui bat au rythme des coups d’Etat et reflète les changements politiques. On sent la ville respirer, on l’arpente sur relâche, dans l’espace et dans le temps, sur les pas du marchand ambulant qui toute sa vie restera un marchand de boza, boisson fermentée qui a eu son heure de gloire dans l’Empire Ottoman, lorsque l’alcool était interdit, et qui fut interdite parfois, parce que l’alcool était interdit. Mevlut est l’incarnation de ces oscillations du cœur d’Istanbul, il en est l’héritage et le présent, il en incarne les contradictions et a appris à répondre à ceux qui lui demandent si la boza est une boisson alcoolisée ou non, il a appris à répondre à ceux qui lui demandent si ses filles sont voilées, si il prie à la mosquée le vendredi. Mevlut est l’incarnation de la complexité d’Istanbul, vraie personnage principal de ce livre, Et Orhan Pamuk lui donne un visage certes un peu naïf, mais aussi très attachant.
Et au moment de refermer ce livre, je me prends à penser que j’aurais bien aimé accompagner Mevlut une petite centaine de pages en plus. Je me prends à me dire qu’Istanbul doit être une ville magnifique, moi qui aime me tenir éloignée des mégalopoles, et encore plus quand elles ont crû de façon désorganisée comme les gecekondu des collines d’Istanbul.
Un livre absolument superbe, qui m’a accompagnée pendant plusieurs semaines à la découverte d’un petit coin à la frontière de l’Europe et de l’Asie que je ne connais pas du tout. Un livre gros, lourd, mais que j’ai aimé tenir ouvert dans mes mains, découvrant les voix de chaque personnage, voyant se dessiner en creux la figure de Mevlut et se dérouler en toile de fond la ville protéiforme.
L’éditeur aurait pu faire un meilleur travail, certes. L’arbre généalogique en début de livre n’est pas utile, on n’est pas dans les Rougon-Macquart tout de même, et la chronologie à la fin du livre, qui mélange les grands événements nationaux et locaux et la vie de Mevlut est une bonne idée, mais en la parcourant d’un œil distrait pour m’approprier le livre avant de me lancer dans la lecture, je suis tombée sur un événement important de la vie de Mevlut, et cela a un peu gâché le suspens de ma lecture.
Par contre, un petit glossaire aurait été le bienvenu, de même que quelques indications sur la prononciation. Beaucoup de « c » cédille et de « i » sans accent dans les noms de lieu, et je ne sais qu’en faire. Je ne saurais même pas dire de quel village est originaire Mevlut, et j’oserais à peine prononcer le nom du quartier où il habite à Istanbul. D’ailleurs, une ou deux cartes de la ville n’auraient pas été superflues non plus, histoire de mieux suivre Mevlut dans ses tribulations.
Des petits défauts éditoriaux ici et là donc (mais une très belle quatrième de couverture, avec de jolies formules pour parler de Mevlut qui « relèvera le défi de s’approprier cette existence qui est la sienne »), mais un grand livre, un beau livre, des personnages que l’on accompagne un long moment et qui nous accompagnent à leur tour une fois la dernière page du livre tournée. Une ville que l’on voudrait découvrir mais qui n’existe plus, l’Istanbul d’il y a quarante ou cinquante ans, une nostalgie que l’on ressent pour une vie et une culture que l’on n’a pas connue. Chapeau bas, Monsieur Pamuk, ce livre est magnifique, votre plume est magnifique, grâce à vous, j’ai l’impression d’un peu connaître Istanbul, à défaut de la comprendre, en tout cas d’en avoir arpenté les rues chaque nuit pendant quarante ans et d’avoir mal au cou à force de porter la perche sur mon épaule.